L’opposant Mamadou Bâ a rejoint sa dernière demeure
La Guinée a rendu dimanche hommage à Mamadou Bâ, qui fut un farouche opposant aux régimes d’Ahmed Sékou Touré (1958-84) et de Lansana Conté (1984-2008), pendant ses funérailles nationales dans le Palais du peuple qui était archicomble, a constaté un correspondant de l’AFP.
La salle de 2. 500 places du siège de l’Assemblée nationale n’a pas pu accueillir tous les Guinéens qui voulaient se recueillir en silence.
La cérémonie, qui a duré près de quatre heures, était présidée par l’épouse du chef de la junte au pouvoir depuis le putsch du 23 décembre, Jeanne Dadis Camara.
Le président unilatéralement proclamé de la Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, était absent. Mais il avait fait remettre à M. Bâ la médaille de l’ordre du mérite national sur son lit d’hôpital, en France, avant son décès mardi des suites d’un cancer, à l’âge de 79 ans.
Il avait également fait annoncer qu’il prendrait à sa charge tous les frais liés aux funérailles.
Le Premier ministre Kabinet Komara et plusieurs membres du gouvernement étaient présents auprès de la famille du défunt, de même qu’un grand nombre de dirigeants de partis politiques, chefs religieux et diplomates étrangers.
"Grand combattant"
Ses pairs de l’opposition – Alpha Condé (RPG), Mamadou Bâadiko (UFD), Ousmane Bah (UPR), etc. – ont magnifié l’oeuvre de Mamadou Bâ, homme "courageux", "honnête", "grand combattant". . .
Pour l’ancien Premier ministre Sidya Touré (1996-99), "c’était un précurseur, un éclaireur. C’est lui qui a dit aux Guinéens de se lever, de marcher droit, la tête haute et de lutter pour l’avènement d?une démocratie en Guinée".
L’oraison funèbre a été prononcée par le président de son parti (l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG), l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, qui a pleuré et fait pleurer beaucoup de personnes dans la salles.
Il a retracé le parcours de l’homme, du lycée Faidherbe de Saint-Louis (Sénégal) à l’université de Reims (France) jusqu’à son recrutement à la Banque mondiale (1970) et la création des partis politiques en Guinée (1992).
Condamné à mort
L’opposant avait fui dans les années 60 le régime du premier président guinéen, Sékou Touré. En 1969, le chef de l’Etat, gagné par la hantise des complots, l’avait fait condamner à mort par contumace.
Il était rentré en Guinée après la mort de Sékou Touré en 1984 et le coup d’Etat du général Conté. Puis il avait été deux fois candidats aux élections présidentielles multipartites en 1993 et 1998.
Il avait écrit en 2004 une lettre ouverte au président Conté en lui reprochant d’"avoir "échoué totalement sur tous les plans et mené le pays à l’abîme, après 20 ans de pouvoir sans partage".
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