Amnesty craint que la crise provoque des troubles sévèrement réprimés

Le rapport annuel d’Amnesty International met en garde contre les conséquences de la crise sur les droits de l’Homme en Afrique. L’organisation estime notamment que si des manifestations contre la vie chère sont organisées, elles pourraient être réprimées comme cela avait été le cas en 2008.

Publié le 28 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

La crise économique risque d’entraîner une accentuation des violations des droits de l’Homme en Afrique si les populations protestent de nouveau dans les rues contre la détérioration de leurs conditions de vie et s’exposent à une violente répression, avertit Amnesty international.

Dans son rapport 2009 publié jeudi, l’organisation constate que les violations des droits de l’Homme ont augmenté avec la crise alimentaire, l’an dernier, quand de nombreux gouvernements africains ont brutalement réprimé les manifestations contre les hausses des prix des produits de première nécessité. La crise commençant à toucher le continent, de telles manifestations "vont probablement continuer", selon le rapport.

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"Avec la crise économique qui affecte de plus en plus les populations en Afrique, nous redoutons qu’un grand nombre de gens tombent de nouveau dans la pauvreté et que ceux qui vivent déjà en marge endurent des difficultés croissantes", a déclaré le directeur d’Amnesty pour l’Afrique, Erwin van der Borght, à l’AFP.

"Lorsque les gens commenceront à exprimer leurs préoccupations et descendront de nouveau dans les rues, la réaction (des autorités, ndlr) risque d’être la même que l’an dernier", a-t-il ajouté.

Le spectre des violences de 2008

Durant le premier semestre 2008, de grandes manifestations populaires contre l’inflation avaient secoué plusieurs pays africains. Elles "avaient souvent dégénéré en violences du fait du ressentiment alimenté par les attitudes répressives des gouvernements" fait valoir l’organisation internationale de défense des droits de l’Homme.

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"Les forces de sécurité ont blessé et ont tué de nombreuses personnes qui revendiquaient le droit à un niveau de vie décent y compris le droit à l’alimentation", poursuivent les auteurs du rapport.

Au Cameroun, les forces de sécurité ont tué une centaine de personnes pendant les manifestations de février 2008, affirme Amnesty. "Quelques unes ont apparemment été tuées d’une balle dans la tête tirée à bout portant", selon le texte.

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La police camerounaise a aussi arrêté plus de 1. 500 personnes. "Beaucoup des prévenus n’avaient pas de défenseur tandis que d’autres n’avaient même pas le temps de consulter leurs avocats", selon Amnesty. Des centaines d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison allant de trois mois à deux ans.

Des morts et des peines de prison

En réaction à la grave crise alimentaire, des manifestations de colère avaient également eu lieu au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Mozambique, au Sénégal, en Somalie ou encore au Zimbabwe.

Trois personnes avaient été tuées au Mozambique, selon Amnesty, quand la police avait tiré à balles réelles contre des manifestants dénonçant la hausse du coût des transports en février 2008.

Puis en mars et avril 2008, en Côte d’Ivoire, deux personnes avaient été tuées lorsque les forces de sécurité avaient réprimé des rassemblements contre les hausses des prix des denrées alimentaires, selon le rapport.

Au Burkina Faso voisin, plusieurs centaines de personnes avaient été arrêtées suite à des manifestations violentes et au moins 80 d’entre elles avaient été condamnées à des peines de prison, assure Amnesty.

"Avec la crise économique actuelle, cela peut recommencer voire s’aggraver dans les mois et les années qui viennent", redoute M. Van der Borght.

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