Présidentielle en Algérie : le temps des promesses
En cette période de vacances et de forte chaleur, les trois candidats à la présidentielle du 7 septembre se sont lancés dans la campagne. Pour les deux adversaires du président sortant, archi favori, il s’agit d’exister et de parvenir à exposer leur programme.
De l’avis de tous, aussi bien des experts que des néophytes en politique, la victoire d’Abdelmadjid Tebboune, qui brigue un second mandat présidentiel le 7 septembre, est acquise. Autrement dit, entre le super favori – qui bénéficie du soutien de l’institution militaire, des grands partis politiques, de l’administration et de l’essentiel des médias – et les deux candidats quasi inconnus qui ont accepté de lui donner le change en endossant le rôle peu glorieux du lièvre, le match est joué d’avance.
Peut-être cela explique-t-il l’absence totale d’engouement des Algériens pour la campagne. D’ailleurs, celle-ci peine à démarrer. Pas encore d’affiches sur les murs ni sur les panneaux électoraux, pas de grands meetings ni de débats… La scène politique semble gagnée par la léthargie des grandes chaleurs et des grandes vacances.
Imane Khelif et Kaylia Nemour avant tout…
Les projecteurs restent braqués sur les récents JO de Paris. Imane Khelif, Kaylia Nemour… Les médias, toutes tendances confondues, rapportent à longueur de colonnes les hommages et les réceptions, officielles ou populaires, organisés en l’honneur des médaillés olympiques.
Habituellement, en Algérie, août est le mois des mariages et des vacances à la plage. C’est aussi la période que choisissent les centaines de milliers d’immigrés installés en France pour venir se ressourcer au bled et retrouver leur famille. En résumé, la haute saison estivale est propice à tout sauf à la politique.
Dans un pays où le thermomètre dépasse allègrement les 45 degrés, c’est une prouesse pour un politicien, quels que soient son talent ou ses dons d’orateur, de convaincre ses concitoyens de venir en masse dans une salle de sports ou de spectacle pour s’abreuver de promesses souvent entendues plus d’une fois. Sauf, bien sûr, quand on s’appelle Abdelmadjid Tebboune et que l’on peut compter sur les moyens de l’État pour drainer des milliers de personnes des quatre coins du pays pour faire exploser l’applaudimètre.
Entre les trois prétendants à la magistrature suprême le combat est d’autant plus inégal que le super-favori est entouré d’une armada de présidents de partis et d’associations, qui sillonnent le pays et font campagne pour lui. Le chef de l’État a tout de même fait l’effort de tenir un premier meeting populaire, ce dimanche 18 août, à Constantine, la capitale de l’Est, pour chanter les louanges de son « Algérie nouvelle ».
Salaires, inflation et aide à Gaza
Abdelmadjid Tebboune, qui a déjà promis d’augmenter les salaires de 100% et de faire en sorte que le PIB annuel du pays atteigne 400 milliards de dollars d’ici à 2027, a cette fois juré, s’il était réélu, de faire construire 2 millions de logements de toute nature.
Il a également promis de porter le volume des exportations à 15 milliards de dollars d’ici à 2025, de préserver le pouvoir d’achat en faisant tomber l’inflation à moins de 4%, ou encore de garantir l’autosuffisance du pays en blé, en orge et en maïs. Surtout, il a affirmé qu’il renforcerait les capacités militaires, sachant qu’en 2023 le budget alloué au ministère de la Défense était déjà de 23 milliards de dollars.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, le candidat Tebboune, qui a déjà porté le nombre des préfectures de 48 à 58, promet un redécoupage administratif, avec la création d’autres wilayas et de wilayas déléguées, dont dix dans le Sud.
Sur un tout autre terrain, et à la condition que les Égyptiens acceptent d’ouvrir leurs frontières avec la bande de Gaza, le président-candidat a promis d’y envoyer des milliers de médecins et d’y construire trois hôpitaux en l’espace de vingt jours.
Les protestations d’Abdelaali Hassani Cherif
De son côté, Youcef Aouchiche, le candidat du Front des forces socialistes (FFS), a affirmé que son objectif principal était « d’asseoir les fondements d’un État fort et de renforcer la confiance entre les Algériens et les institutions de l’État ». Il s’est également engagé à « réhabiliter les classes moyennes, à renforcer le pouvoir d’achat des citoyens et à réviser le Salaire national minimum garanti (SNMG) ».
En réalité, du programme électoral du jeune candidat du FFS les médias n’ont retenu que sa promesse d’augmenter la bourse des étudiants en la fixant à 20 000 dinars [environ 133 euros]. Actuellement, le pécule octroyé chaque trimestre oscille entre 2 700 et 4 050 dinars, selon le revenu annuel global des parents.
Le traitement de faveur dont bénéficie le candidat du système n’est pas du goût du très effacé candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), l’islamiste Abdelaali Hassani Cherif, qui, dans une lettre adressée à l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), s’est plaint de la partialité des médias. Pour faire bonne figure, cette instance s’est donc dépêchée de rappeler les médias à l’impératif respect des règles régissant la couverture médiatique des meetings et des activités de proximité durant la campagne électorale.
Modestement, Abdelaali Hassani Cherif, qui a ouvert sa campagne à Alger, a souligné que son programme « garanti[ssai]t la protection des libertés politiques, syndicales et d’association, ainsi que celle des libertés individuelles ». Il a également insisté sur « la nécessité de contribuer à la réussite de ce rendez-vous électoral afin de préserver la patrie, sa souveraineté et son unité ».
Mais, loin des promesses et des kermesses électorales, ce sont plutôt le prix de la tasse de café, qui vient de passer à 60 dinars, celui des fruits, des légumes et du poulet, ou encore l’euro, qui s’échange à plus de 241 dinars sur le marché noir, qui retiennent toute l’attention des citoyens.
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