Au Kenya, « Anguka Nayo » devient l’hymne de la contestation

Écrit il y un an, le titre de Wadagliz est la bande-son des manifestations, avec 5 millions de vues sur Facebook et 500 000 publications TikTok.

Les membres du duo de rap kenyan Wadagliz, Allan « Manazz » Mojo (à droite) et Tony « Kantel » Otieno, dans leur studio de musique à Nairobi, le 15 août 2024. © SIMON MAINA / AFP

Les membres du duo de rap kenyan Wadagliz, Allan « Manazz » Mojo (à droite) et Tony « Kantel » Otieno, dans leur studio de musique à Nairobi, le 15 août 2024. © SIMON MAINA / AFP

Publié le 21 août 2024 Lecture : 2 minutes.

« On savait que c’était un hit »: si le duo de rap kényan Wadagliz s’attendait à voir son titre « Anguka Nayo » décoller, il n’avait jamais imaginé le voir devenir un hymne des manifestations qui ont secoué le pays ces dernières semaines.

Sur un succès de l’arbantone

Leur refrain accrocheur, sur une ligne de basse et un rythme entêtant, a résonné dans les cortèges du mouvement né début juin au sein de la jeunesse kényane contre le projet d’augmentation des taxes dans le budget 2024-25, devenu une contestation du président William Ruto et plus généralement de la mauvaise gouvernance et la corruption dans le pays.

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Allan « Manazz » Mojo et Tony « Kantel » Otieno ont écrit ce titre il y a environ un an en reprenant un sample de la chanson « Kufa Juu », succès de l’arbantone, style de musique à la mode dans le pays. Cette chanson, dont le titre signifie « suis le mouvement » mais aussi littéralement « tombe avec lui », n’avait aucune tonalité contestataire. A l’origine, « c’est un tube de club », estime Kantel, bagues aux doigts et « twinkles » (bijoux dentaires) argentés aux dents.

Mais dans leur studio de Nairobi, les deux rappeurs de 22 ans originaires du quartier populaire d’Eastleigh, ne boudent pas ce succès inattendu dans la rue et en ligne, avec plus de 5 millions de vues sur YouTube depuis le 3 juillet.

« Chacun a sa façon de se l’approprier », ajoute Manazz, lunettes de soleil vissées sur le nez : « Pour certains, c’est une chanson de soirée ; pour d’autres, c’est une chanson de manif ».

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Défi sur les réseaux sociaux

Dans l’ambiance festive des premières manifestations, les jeunes de la « Gen Z » (« génération Z » nés après 1991) passaient la chanson sur leurs enceintes portables et en reprenaient la chorégraphie – les bras balancés vers l’avant en se déhanchant vers le sol.

Le titre et cette danse, devenue ensuite un défi sur les réseaux sociaux, ont incarné la joyeuse contestation des premières semaines, à laquelle la police a répondu par des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et parfois des balles réelles. Le titre a également servi de bande-son à près d’un demi-million de publications TikTok, la plupart filmées lors des manifestations.

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De la chanson « Why Tom ? » de George Ramogi pleurant la mort de l’homme politique Tom Mboya à l’hymne anti-corruption « Nchi ya kitu kidogo » (« le pays des petites choses ») d’Eric Wainaina en 2001 en passant par les tubes utilisés durant les campagnes présidentielles, la musique rythme régulièrement la vie politique kényane.

(Avec AFP)

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