Algérie : le soldat Tebboune veut sauver Gaza
Lors d’un meeting dans le cadre de la campagne présidentielle algérienne le 18 août, le président-candidat Abdelmadjid Tebboune a laissé planer une ambiance belliqueuse à l’égard d’Israël pour des raisons électoralistes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 août 2024 Lecture : 2 minutes.
Leçon électorale numéro 1 : les promesses de campagne « n’engagent que ceux qui les reçoivent », dixit l’ancien chef de l’État français Jacques Chirac. Leçon électorale numéro 2 : l’importation du conflit Israël-Hamas galvanise aisément des clientèles électorales dont l’envie de militantisme n’a d’égal que la maîtrise très relative du contexte proche-oriental. C’est donc à une opération de surf idéologique que le président-candidat à la prochaine présidentielle algérienne n’a pas manqué de participer dimanche…
Président de la République algérienne démocratique et populaire mais également chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, Abdelmadjid Tebboune a affirmé, en meeting à Constantine ce 18 août, que l’armée algérienne « était prête » à intervenir dans la ville palestinienne de Gaza, actuellement martyrisée par les représailles israéliennes à l’attaque commise par le Hamas le 7 octobre dernier. Et d’ajouter, le poing serré sur le cœur : « Nous n’abandonnerons jamais Gaza. Je vous jure par Allah le Tout-Puissant, (…) nous savons ce que nous avons à faire ».
La saillie a fait sourire les observateurs, tant un débarquement militaire ne semble qu’un happening électoral, dans la perspective d’un scrutin à l’issue prévisible. Certains soulignent tout de même que l’Algérie consacre, chaque année, plus de 20 milliards d’euros à l’achat d’armements. Ils rappellent également que l’armée algérienne était intervenue contre l’État hébreu, aux côtés des armées égyptienne et syrienne, lors de la guerre du Kippour, en 1973…
Des propos populistes dont la réalisation est laissée au bon vouloir de l’Égypte
À la tribune de Constantine, Tebboune a tout de même établi une condition à l’éventuelle intervention algérienne au Proche-Orient : que l’Égypte l’autorise à acheminer des troupes via ses frontières terrestres. Un prérequis diplomatique qui amuse les éditorialistes qui rappellent que, primo, Alger est fière de posséder des avions de combat russes, des frégates et des sous-marins et que, secundo, la bande de Gaza et l’Algérie partagent un voisin commun : la mer Méditerranée. Difficile, alors, de faire porter le chapeau d’une non-intervention à l’absence d’un feu vert égyptien…
Fallait-il entendre, dans les propos du candidat, une quasi-déclaration de guerre à Israël ? Tout en laissant planer une ambiance belliqueuse qui plaît à certains électeurs, Tebboune a désamorcé le propos guerrier en envisageant la construction « dans l’intervalle de 20 jours » de « trois hôpitaux » à Gaza. Et d’ajouter qu’il enverrait « des centaines de médecins » et aiderait « à reconstruire ce qui a été démoli par les sionistes ».
Si le sort des Soudanais, des Yéménites et des Éthiopiens ne fait guère recette, le conflit entre le Hamas et Israël fait couler de la salive, en Afrique, depuis les évènements du 7 octobre 2023. Mais beaucoup de dirigeants se contentent de propos populistes sans conséquence. Car de nombreux pays du continent (notamment subsahariens) entretiennent depuis des années une ligne diplomatique alambiquée avec l’État hébreu.
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