Rhinos, lions, éléphants, baleines et flamants roses : photographier pour protéger
Avec un album consacré au Prix de photographie environnementale 2024 de la Fondation Prince Albert II de Monaco, les éditions Skira dévoilent la beauté de notre monde. Et les menaces qui pèsent sur son avenir.
Si les livres n’ont pas toujours le pouvoir de changer le monde, ils peuvent souvent contribuer à modifier notre regard. En rassemblant les images de photographes impliqués dans la protection de l’environnement, la fondation Prince Albert II de Monaco et les éditions Skira entendent « dénoncer les actions humaines contribuant à la destruction de notre environnement », « faire connaître les multiples projets de conservation existants » afin de « protéger la nature à laquelle nous appartenons et ses écosystèmes complexes indispensables à la bonne santé planétaire ».
Marchandisation et manipulation du vivant
L’album est issu du Prix de Photographie environnementale créé par ladite Fondation en 2021. Sur les 11 000 images proposées par quelque 2600 photographes de 134 pays, une cinquantaine ont été sélectionnées par un jury international de professionnels pour leur « excellence technique et esthétique », mais aussi pour « la pertinence et la force de leur message ». Impossible d’écarter l’idée qu’une certaine forme de « greenwashing » n’anime la richissime principauté de 2,02 km2 dans l’organisation de ce prix. Pour autant, il serait dommage d’ignorer les images que des photographes engagés nous donnent à voir, notamment parce qu’elles sont pour la plupart terriblement significatives de notre époque, dominée par la marchandisation et la manipulation du vivant.
Rhinos et cobras au Zimbabwe
Orang-outang exploité par l’industrie du tourisme en Thaïlande, baleine à bosse blessée par un filet dérivant au Mexique, flamants roses morts dans la lagune de Miankaleh en Iran : la violence humaine vis-à-vis de la nature frappe dès les premières pages de l’album. Mais le jury qui a sélectionné les photographies n’a vraisemblablement pas souhaité sombrer dans une vision trop pessimiste. Plusieurs clichés viennent prouver que des gens ordinaires se battent tous les jours pour protéger leur environnement immédiat, en particulier en Afrique. Ainsi, le photographe Aaron Gekoski a été salué dans la catégorie « Change makers : Reasons for Hope » pour sa série sur l’unité de protection des rhinocéros, les Cobras, au Zimbabwe, en 2022.
« À la fin du siècle dernier, les braconniers ont décimé les populations de rhinocéros dans le parc national de Hangwe, au Zimbabwe, écrit-il. En 2007, il n’en restait plus aucun. Aujourd’hui, un nouveau programme de conservation, Imvelo’s Community Rhino Conservation Initiative, est mis en œuvre pour repeupler les plaines du troisième plus grand parc national d’Afrique. La clé de la réussite de ce projet réside dans une équipe de rangers anti-braconnage nommés « Cobras Community Wildlife Protection Unit ». » L’image Substitute rhinos de Gekoski montre quatre d’entre eux à l’entraînement avec… des ânes jouant le rôle de rhinocéros.
Douceur éléphantesque
Du côté du Soudan du Sud, le photographe Marcus Westberg a suivi des opérations de marquage d’animaux sauvages visant à étudier leurs schémas de déplacement et leurs comportement. À cette occasion, il a pu saisir un moment d’une étrange douceur quand deux chef Jie de la communauté Kassangor, qui n’avaient jamais approché un éléphant de leur vie, ont pu en caresser la trompe rugueuse.
Parfois, il suffit de se faire discret pour laisser la nature se défendre toute seule par la simple force de sa beauté et la diversité des formes qu’elle sait si bien inventer. Alors il arrive que les photographes ignorent les hommes et leurs méfaits, et s’emploient à montrer le sublime de notre monde. Un frai de coraux en mer Rouge, une lionne endormie dans un acacia, un chimpanzé allongé sur une liane, un ours polaire dans le blizzard : si nous voulons continuer à contempler pareilles beautés, nous savons quelles sont les mesures à prendre. D’urgence.
Environnemental Photography Award – Fondation Prince Albert II de Monaco, Éditions Skira, 104 pages, 35 euros
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