[Série] Les étudiants égyptiens et maghrébins en France pendant la colonisation

Initiée par Bonaparte, la prise de contrôle par la France d’une grande partie du nord de l’Afrique s’est très vite accompagnée de l’arrivée à Paris d’étudiants égyptiens et maghrébins. Paradoxalement, beaucoup de futurs militants et dirigeants indépendantistes du XXe siècle viendront ainsi se former au cœur de la puissance coloniale.

Bibliothèque centrale de la Sorbonne, à Paris, vers 1900. © Montage JA; Neurdein/Roger-Viollet

Bibliothèque centrale de la Sorbonne, à Paris, vers 1900. © Montage JA; Neurdein/Roger-Viollet

Publié le 30 août 2024 Lecture : 2 minutes.

De l’éphémère campagne d’Égypte, en 1798, à la conquête plus pérenne de l’Algérie en 1830, la France a mené une longue conquête de l’Afrique du Nord. Celle-ci s’est étendue jusqu’au début du XXe siècle, après que la France a mis la main sur la Tunisie en 1881, puis sur le Maroc en 1912, point final de son expansion.

Avec toujours, dans l’esprit du colonisateur, cette idée que la conquête devait être l’occasion d’un échange, que le mouvement devait en quelque sorte aller dans les deux sens. Ainsi, durant les trois années où Bonaparte et son armée occupent l’Égypte, leur présence alimente chez les lettrés locaux une curiosité pour ce pays conquérant venu de l’autre côté de la Méditerranée.

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Et quoi de mieux, pour connaître vraiment une contrée lointaine, moderne de surcroît, que d’y envoyer des étudiants, et même leurs maîtres ? Ce voyage, Rifaa al-Tahtawi, intellectuel et futur promoteur de la « renaissance » culturelle arabe du XIXe siècle, sera l’un des premiers à l’accomplir. Il en ramènera, comme beaucoup d’autres Égyptiens après lui, les « lumières » d’Occident : un savoir conceptuel et pratique qui sera à la source de cette fameuse renaissance, la Nahda.

Les idéaux de la Révolution française

En Algérie ou en Tunisie, il n’existe alors pas d’État souverain. Donc pas de délégations estudiantines comparables à celles venues du pays des pyramides. Cela ne va pas empêcher, très tôt, les premiers Algériens et Tunisiens – et un peu plus tard Marocains – de faire le voyage et de fréquenter les bancs des universités françaises. Les uns comme les autres, quelle que soit la discipline étudiée, vont s’y imprégner des idéaux de la Révolution française. Fort éloignés – cela ne leur échappera évidemment pas – des valeurs portées par le colonialisme et de ce qu’ils ont pu observer dans leur pays.

Les étudiants maghrébins, porteurs de ces nouvelles idées de liberté, d’égalité et de fraternité, les feront ensuite fructifier dans leur pays d’origine. Paris, ville universitaire, va ainsi devenir paradoxalement la capitale du nationalisme maghrébin, et l’université française sera la pépinière au sein de laquelle se formeront beaucoup des futurs nationalistes et des dirigeants à venir du Maghreb. De l’amphithéâtre universitaire à l’amphithéâtre parlementaire, il n’y avait qu’un pas…

Épisodes de la série : 

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Comment Napoléon a ouvert les portes des universités françaises aux étudiants égyptiens (1/4)

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