La chanteuse malienne Rokia Traoré reste derrière les barreaux en Italie
Après un renvoi de la Cour suprême de cassation italienne, la chanteuse malienne reste incarcérée à la prison pour femmes de Civitavecchia, toujours dans le cadre d’un litige au sujet de la garde de sa fille. Elle espérait une assignation à résidence à Rome.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 août 2024 Lecture : 2 minutes.
Rokia Traoré devra encore attendre pour un assouplissement de ses conditions d’incarcération en Italie. Emprisonnée dans un établissement pénitentiaire pour femmes de la ville portuaire de Civitavecchia, depuis son arrestation le 22 juin dernier, la chanteuse malienne aurait pu se voir accorder une remise en liberté sous contrôle judiciaire, avec assignation à résidence à Rome, à compter de ce 22 août. Mais la Cour suprême de cassation italienne a préféré renvoyer auprès de la cour d’appel de Rome, ce jeudi 22 août, la requête de l’avocate de l’artiste.
Toutes les options judiciaires restent sur la table, dans l’attente d’une évaluation parallèle de la Cour de Justice européenne, alors que la justice belge – auteure du mandat d’arrêt européen – exige, elle, une extradition vers Bruxelles. L’incarcération de la compositrice est liée au litige avec son ex-conjoint Jan Goossens, dramaturge et directeur artistique belge, au sujet de la garde de leur fille née en Belgique en 2015.
Labyrinthe international
Les dédales judiciaires dans lesquels erre Rokia Traoré sont le résultat du tissage de procédures déclinées devant des circonscriptions de différents pays. Si l’affaire a débuté en Belgique et si la chanteuse a été interpellée, cette année, en Italie, elle avait déjà été arrêtée en France, le 10 mars 2020. Alors incarcérée à la prison de Fleury-Mérogis, elle avait pu quitter la France sans autorisation, vers le Mali, après avoir obtenu une remise en liberté sous contrôle judiciaire.
La justice malienne est également entrée dans la danse, après un dépôt de plainte de la chanteuse à la suite du premier jugement belge. Dans une ordonnance, Bamako avait accordé à l’artiste la garde exclusive de sa fille. L’imbroglio est tel que certains observateurs ont souhaité y voir des ressorts géopolitiques. Pour l’écrivain et musicien sénégalais Felwine Sarr, cette affaire « reflète l’état des rapports politiques, juridiques et symboliques entre l’Afrique et le reste du monde ».
Arguments et soutien de la chanteuse
Dans la défense de Rokia Traoré, l’argument central est une accusation d’attouchements sexuels, de la part de son ancien compagnon, sur leur fille. Cependant, la justice ne semble par avoir clairement retenu ce délit présumé. C’est en octobre 2019 que les tribunaux belges émettront un mandat d’arrêt international à l’encontre de Rokia Traoré pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage ».
Les conseils de la chanteuse tentent, eux, de dénoncer des vices de procédures comme des arrestations qu’ils jugent « abusives », au regard du caractère diplomatique du passeport utilisé. L’artiste tente également de mobiliser l’opinion, tantôt par une grève de la faim, en 2020, tantôt par l’appel à la solidarité de personnalités. Un hashtag « #FreeRokia » (« Libérez Rokia ») est ainsi apparu sur le réseau X.
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