Somalie: les islamistes shebab ont pris Jowhar, nouveau revers pour le président
Les islamistes radicaux shebab, qui étendent de plus en plus leur contrôle en Somalie, ont pris dimanche Jowhar, proche de Mogadiscio et fief d’origine du président somalien, un nouveau revers pour le régime de Sharif Sheikh Ahmed sur qui l’étau se resserre.
En moins de deux heures de combats, les combattants lourdement armés des shebab ont attaqué et pris le fief de M. Ahmed, situé à seulement 90 km au nord de la capitale, où se trouve le président.
La pression s’est accentuée également à Mogadiscio, où les shebab ont lancé des tirs de mortier près du quartier général de la police où le président était attendu.
« Il y a eu une attaque au mortier près du quartier général de la police où le président devait faire une visite, qu’il a ensuite annulée », a déclaré à l’AFP Mohamed Dhere, ministre adjoint aux Transports.
Au moins trois civils ont été tués et sept blessés dans cette attaque qui a provoqué la riposte des forces gouvernementales, selon des témoins.
Lors d’un point de presse à Mogadiscio, le porte-parole des shebab Cheikh Muktar Robow a confirmé la prise de Jowhar et promis le renversement du gouvernement de M. Ahmed et le départ de la force de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom).
« La guerre se poursuivra jusqu’à la chute du soit-disant gouvernement et le retrait total de leurs alliés chrétiens de notre pays », a-t-il lancé.
Ces derniers jours, l’Amisom -forte de 4. 000 soldats ougandais et burundais déployés essentiellement à Mogadiscio- a renforcé ses positions d’artillerie, selon des habitants.
Plus tôt dimanche, des chefs coutumiers avaient rapporté à l’AFP la prise de Jowhar par les shebab.
« Ils ont attaqué la ville depuis plusieurs directions et il n’y a pas eu de violents combats dans la ville elle-même », avait expliqué Ali Moalim Hassan, ajoutant que la milice islamiste soutenant le gouvernement avait « déserté ses positions ».
Selon des témoins, ces combats ont fait au moins quatre tués.
La prise de Jowhar, où M. Ahmed était rentré de son exil en Erythrée en novembre 2008, est un nouveau revers pour le président islamiste modéré, élu fin janvier.
Les insurgés ont lancé le 7 mai une offensive sans précédent, menée par la milice du chef islamiste radical cheikh Hassan Dahir Aweys et les shebab, pour le chasser du pouvoir.
Les shebab contrôlent la totalité du sud et la quasi totalité du centre de la Somalie.
Ces derniers forment un groupe dissident des tribunaux islamiques qui ont contrôlé pendant le deuxième semestre 2006 le centre et le sud du pays jusqu’à leur mise en déroute par les troupes éthiopiennes venues soutenir les autorités somaliennes.
Dans l’interminable guerre civile débutée en 1991, MM. Aweys et Ahmed avaient dirigé ensemble les tribunaux islamiques. M. Ahmed avait ensuite rejoint le processus de réconciliation supervisé par l’ONU avant d’être élu président. M. Aweys a toujours rejeté ce processus.
Nouvelle preuve des incessants renversements d’alliance en Somalie, le camp gouvernemental a reçu samedi soir le soutien d’un haut responsable islamiste proche des insurgés, cheikh Yusuf Mohamed Siad, ex-secrétaire à la Défense des tribunaux islamiques, qui s’est rallié avec ses combattants au gouvernement.
« Après avoir réalisé que le gouvernement était le seul en véritable accord avec l’islam, j’ai décidé de faire défection des rangs de l’opposition et je travaillerai désormais pour le gouvernement », a-t-il dit à la presse à Mogadiscio.
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