Dégradation des relations entre le Tchad et le Soudan
N’Djamena et Khartoum se renvoient la balle dans le problème des rebelles tchadiens. Selon le Tchad, son voisin facilite l’action des mercenaires, tandis que celui-ci s’offusque des bombardements aériens sur son sol.
La tension monte entre le Tchad et le Soudan, qui proteste contre les raids aériens menés sur son territoire par N’Djamena, "décidée à en finir" avec les rebelles et déterminée dans la pousuite de ces actions.
"Ce matin (samedi) à 10H30 locales (07H30 GMT), une nouvelle opération (bombardement aérien) a eu lieu au même endroit et avec la même méthode", a déclaré le porte-parole de l’armée soudanaise, Othman al-Aghbash, précisant qu’il n’y avait eu aucune victime lors de cette incursion à 60 kilomètres à l’intérieur du Soudan. Vendredi, Khartoum avait déjà protesté contre deux autres incursions aériennes.
Forts d’une des armées les plus puissantes du continent, les Soudanais ont haussé le ton: "L’armée soudanaise est prête à répondre mais attend les instructions", a dit Ali Sadiq, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères.
Elements étrangers
Un conseiller du président soudanais Omar el-Béchir, Abdallah Masar, a jugé que les deux pays étaient montés l’un contre l’autre par une tierce partie. Il a évoqué "des éléments étrangers cherchant à entraîner le Soudan dans une guerre", sans donner de détails.
Mais, le président tchadien, Idriss Deby Itno, a fait fi des protestations soudanaises: "Nous avons utilisé notre droit de poursuite et ce droit de poursuite va continuer avec l’appui du peuple tchadien. L’armée est décidée à en finir une fois pour toutes avec les mercenaires à la solde du Soudan".
Il bombe même le torse: "Le Soudan n’a aucun intérêt à menacer le Tchad ou à le menacer de représailles dont il n’est pas capable". Vendredi soir, après la première protestation soudanaise, le porte-parole du gouvernement tchadien Mahamat Hissène a dit que le Soudan était "le voleur criant au voleur".
N’Djamena reproche à Khartoum son soutien aux rebelles tchadiens, qui après l’échec de leur offensive la semaine dernière, ont fui pour regagner le Darfour. L’armée soudanaise a cependant réfuté tout retour des rebelles tchadiens sur son sol.
Selon un diplomate occidental à N’Djamena: "C’est une source d’inquiétude. Il y a un réel risque d’escalade verbale et plus".
A Addis Abeba, le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires politiques, Haile Menkerios, a estimé qu’il fallait que le gouvernement tchadien "négocie avec les rebelles tchadiens".
Réconciliation
De longue date, le Tchad et le Soudan ont des relations difficiles et s’accusent mutuellement de complaisance à l’égard de leurs mouvements rebelles respectifs. Depuis septembre, ils ont repris des relations diplomatiques interrompues en mai 2008.
Au début de la semaine le président Déby a menacé de rompre à nouveau ces relations. Il a fait fermer les deux centres culturels soudanais et fait reprendre par les autorités les écoles soudanaises. Il a notamment accusé les enseignants soudanais d’être des "agents de renseignement" et leur a demandé de quitter le pays.
Khartoum et N’Djamena ont pourtant signé le 3 mai à Doha (Qatar) un accord de réconciliation qui prévoit notamment le contrôle des frontières pour empêcher les infiltrations de rebelles de chaque coté.
La paix entre le Tchad et le Soudan est jugée essentielle dans les tentatives de résolution du conflit qui sévit depuis six ans au Darfour, région soudanaise frontalière du Tchad. Cette guerre a fait environ 300. 000 morts, selon l’ONU, 10. 000 d’après Khartoum.
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