L’Algérien rentré de Guantanamo est hospitalisé à Clamart
Lakhdar Boumediene, un ex-détenu de Guantanamo, est arrivé en France où il va désormais vivre. Il se trouve actuellement en observation à l’hôpital de Clamart.
L’Algérien Lakhdar Boumediene, ex-détenu de Guantanamo arrivé vendredi soir en France, se trouvait samedi à l’hôpital militaire Percy à Clamart, à l’ouest de Paris, a-t-on appris de sources militaires. Une admission entourée de la plus grande discrétion.
L’ex-détenu de 42 ans innocenté par la justice américaine, et affaibli par plus de sept ans d’emprisonnement et plus de deux ans de grève de la faim, avait atterri vendredi sur la base militaire d’Evreux (Eure), selon les mêmes sources.
"Lakhdar Boumediene est arrivé aujourd’hui en France en provenance du centre de détention de Guantanamo", avait déclaré plus tôt dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères, Eric Chevallier, sans donner plus de précisions.
"Désormais libre, nous souhaitons que Lakhdar Boumediene puisse retrouver une vie normale. Le gouvernement a prévu une prise en charge médicale si son état de santé le requiert", avait ajouté le porte-parole.
Selon son avocat américain, Robert Kirsch, Lakhdar Boumediene, qui a voyagé dans un avion militaire américain, devait être transporté dans un hôpital pour quelques jours d’examens. Il devrait ensuite rejoindre un appartement mis à sa disposition par le gouvernement français pour se réadapter à une vie normale.
Réhabilitation
L’ex-détenu va disposer en France d’un visa territorialement limité (VTL), ce qui signifie qu’il ne pourra pas circuler librement à l’intérieur de l’espace Shengen. Le gouvernement français va lui donner des moyens pour qu’il s’intègre (formation, aide à la recherche d’un travail, etc), selon une source proche du dossier.
L’ex-détenu devait être accueilli à son arrivée en France par sa femme Abassia Bouadjimi et leurs deux filles, Radjaa, 13 ans, et Rahma, 8 ans, arrivées depuis peu d’Algérie où elles résidaient, selon l’avocat.
La France est le premier pays de l’Union européenne à accueillir un détenu libéré de Guantanamo, qui ne soit ni un résident ni un citoyen français, sur la foi de la promesse du président américain Barack Obama de fermer la prison.
Nourri de force
L’Algérien était emprisonné depuis plus de sept ans et observait une grève de la faim depuis décembre 2006, arrêtée très récemment. Pendant sa grève de la faim, il était nourri de force deux fois par jour, à l’aide d’un tuyau introduit dans une narine qui diffusait un liquide protéiné.
Robert Kirsch a indiqué à l’AFP avoir partagé mercredi à Guantanamo un repas avec Lakhdar Boumediene. "Son sourire était vraiment authentique et tellement heureux", a raconté l’avocat. Pendant la nuit, il a mangé davantage avec ses co-détenus, y compris des aliments non recommandés par les médecins à son stade. "Mais c’était une promesse qu’il avait faite de remanger dès qu’il était sûr de partir pour la France", a précisé l’avocat.
"Il a passé sept ans et demi avec quelqu’un qui vérifiait toutes les dix minutes ce qu’il était en train de faire, sous le contrôle de gardiens qui pensaient qu’il était dangereux", a-t-il rappelé. "Il va devoir se réhabituer à marcher, à décider quand il prend un repas, quand il prend une douche. . . "
Attentat contre l’ambassade américaine
Arrêté à l’automne 2001 avec cinq autres Algériens en Bosnie, où il résidait légalement, Lakhdar Boumediene avait été remis aux autorités américaines sous le soupçon qu’il fomentait un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo. Il avait ensuite été transféré à Guantanamo dans les premiers jours d’existence de la prison, avec ses cinq compagnons d’infortune.
Les accusations sont très vite tombées mais tous étaient restés enfermés, en criant leur innocence.
Après des années de bataille judiciaire et une décision de la Cour suprême qui porte son nom, ce n’est qu’en novembre 2008 que Lakhdar Boumediene et quatre autres Algériens ont été définitivement innocentés par un juge fédéral américain. En rendant sa décision, le juge américain avait tancé l’administration de George W. Bush pour l’insignifiance des éléments à charge.
Il reste aujourd’hui 240 détenus dans la prison de Guantanamo à Cuba, créée en janvier 2002 pour les "combattants ennemis" de la guerre contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001.
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