En Algérie, l’opposant Karim Tabbou a de nouveau rendez-vous avec la justice le 11 septembre
Les avocats de l’ancienne figure du Hirak, qui subit un encadrement judiciaire strict depuis 2020 et vient de se voir imposer de nouvelles mesures contraignantes, espéraient plaider en appel ce mercredi 28 août, à Koléa, pour un allégement des sanctions frappant leur client. L’audience a été repoussée au 11 septembre.
Nouvel épisode d’une série de poursuites qui ciblent Karim Tabbou, l’une des figures de l’opposition depuis le déclenchement du Hirak, ce mouvement de contestation populaire qui a bouleversé le paysage politique de l’Algérie en 2019. Le militant traine plusieurs condamnations et était déjà sous contrôle judiciaire depuis mai 2023, après deux nuits de garde à vue pour avoir participé à une émission de la chaîne Al-Magharibia, auprès de l’ancien président tunisien Moncef Marzouki.
Lors de ce débat diffusé le 7 mai autour du thème « Maghreb, entre crises des régimes et espoirs des peuples », Karim Tabbou avait rendu responsable le régime algérien de la crise qui mine le pays. Il était, depuis, soumis à des pointages tous les lundis et interdit de quitter le territoire national.
En cette fin d’été, le couperet est tombé, encore plus fort. Au moment de sa dernière visite de pointage, l’opposant a été transféré au tribunal de Koléa, en vertu d’une commission rogatoire émise contre lui. Lors de sa comparution, indique sa défense, le juge lui a demandé de signer un engagement de s’abstenir de toute activité politique ou médiatique.
Face au refus de Karim Tabbou, le magistrat a alors émis une ordonnance renforçant de facto les mesures de contrôle judiciaire. Il lui est désormais « interdit de publier ou d’écrire par quelque moyen que ce soit, y compris sur les réseaux sociaux, interdit de quitter le territoire de la juridiction du tribunal de Koléa, de participer à une émission télévisée ou conférence de presse, et interdit de toute activité politique ».
Pour ses défenseurs – parmi lesquels l’avocate Fetta Sadat –, le constat est limpide : les nouvelles restrictions ne sont qu’un prétexte pour le faire taire. Ses avocats évoquent une « violation flagrante » et « une atteinte grave aux droits et libertés du citoyen ». Ils soulignent aussi que « le droit à la défense n’a pas été respecté », pointant du doigt une notification tardive de l’audience et un transfert surprise la veille de la date initialement prévue. Et estiment que l’étau continue à se resserrer autour de leur client, non plus sous la forme d’une éventuelle arrestation mais d’un harcèlement administratif, de convocations incessantes et de restrictions de plus en plus sévères.
Depuis le Hirak, un homme à abattre
L’examen en appel, initialement prévu dès ce mercredi 28 août 2024, a finalement été repoussé au 11 septembre. Il s’agira d’une étape cruciale dans le feuilleton judiciaire de Karim Tabbou. Le magistrat devra décider de maintenir, d’alléger ou de lever les nouvelles mesures imposées à l’opposant. L’issue de cette audience ne s’annonce, a priori, pas favorable au militant politique, tant le climat politique actuel laisse peu de place à un dénouement positif dans ce genre d’affaires.
À chaque nouveau rebondissement, l’ancienne figure du Hirak apparait un peu plus comme l’homme à abattre. Depuis ses débuts au Front des forces socialistes (FFS), dont il a été le premier secrétaire de 2006 à 2011, jusqu’à la fondation de son propre parti politique, l’Union démocratique et sociale (UDS), il a toujours incarné une forme de défiance face au pouvoir.
Réputé pour ses prises de parole tranchantes, il s’était imposé rapidement comme l’un des visages les plus populaires du Hirak. Dans le cadre de son implication dans ce mouvement de contestation, il avait été détenu pendant neuf mois, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en juillet 2020. En décembre de la même année, il a été condamné en appel à un an avec sursis. Une sentence qui lui a permis de ne pas retourner en prison. Mais depuis mai 2023, l’opposant, qui a fêté en juin ses 51 ans, est à nouveau soumis à un contrôle judiciaire sévère.
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