Les violences xénophobes « peuvent recommencer »

« Ca arrivera encore. Un an après, rien n’a changé », assure Lloyd en rangeant son étal de bonnets. Ce Zimbabwéen est revenu en janvier dans le township d’Alexandra où avait débuté il y a un an une chasse à l’étranger qui avait fait plus de 60 morts en Afrique du Sud.

Publié le 12 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

"Les violences peuvent toujours avoir lieu. Les gens sont toujours en colère. Ils nous traitent d’étrangers", affirme ce père de famille, qui s’est résolu à revenir seul dans ce quartier de Johannesburg, la capitale économique. Sa femme et ses quatre enfants sont restés au pays, en pleine déroute financière.

Un an après la flambée de violences xénophobes qui avait duré deux semaines, les attaques isolées et parfois meurtrières contre les Zimbabwéens, Mozambicains ou Somaliens se poursuivent car les conditions restent réunies pour que la situation explose de nouveau.

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En cause: la pauvreté, la criminalité, le manque de réaction des autorités peu enclines à empêcher de nouvelles attaques et à poursuivre les agresseurs, selon des analystes.

"Il ne semble pas que les enquêtes aient cherché à déterminer qui a provoqué les violences (de mai 2008). Seuls ceux qui ont été arrêtés sur les lieux des émeutes ont été inquiétés", constate Duncan Breen du Consortium pour les réfugiés et les migrants en Afrique du Sud (Cormsa).

Jusqu’à présent, 70 personnes sur un total de plus de 1. 600 affaires ont été condamnées pour leur participation dans les attaques de mai 2008.

Et la frustration de la population ne devrait pas s’atténuer malgré les promesses du nouveau président Jacob Zuma: la première puissance économique du continent, où 40% de la population est au chômage, est sur le point d’entrer en récession.

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"Ca peut recommencer à tout moment si Zuma ne leur donne pas ce qu’ils veulent: du travail et un logement", prévient Mangena Mmaletswalo, une Sud-Africaine dont la maison a été pillée durant les quinze jours de violences.

Son voisin Strike assure que cette fois, il ne participera pas aux troubles: il a trouvé un emploi dans les travaux publics.

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"Ces gars, en particulier les Zimbabwéens, ils parlent mieux anglais que nous et trouvent plus facilement du travail. Alors, on les a chassés pour prendre leurs emplois", explique cet homme de 35 ans devant des baraques en tôle, collées les unes aux autres et surmontées d’antennes de télévision.

Il affirme avoir seulement participé au premier jour des violences à Beyrouth, le quartier d’Alexandra où tout a débuté. "Alex ce jour-là, c’était comme dans le film +Troie+", se souvient Harry, un habitant sud-africain du quartier, décrivant les cris, le sang dans la rue, les incendies et les groupes armés de bâtons, machettes et armes à feu.

Aujourd’hui, la vie semble avoir repris son cours. Des femmes font leur lessive dans des cuvettes, tandis que des chèvres paissent à côté. Petit à petit, les immigrés en quête d’emplois, comme Tapiwa Yotamu, sont revenus dans certains quartiers.

Après avoir fui les violences, ce Zimbabwéen avait passé plusieurs mois dans un des camps de réfugiés, qui ont totalisé jusqu’à 40. 000 étrangers au plus fort de la crise.

A leur fermeture en octobre, il s’était retrouvé à la rue et avait décidé de retourner au Zimbabwe. "Mais là-bas, on a faim alors j’ai dû revenir", explique le jeune homme de 27 ans devant son étal de fortune à "Alex". Il ne vit plus dans la même maison, craignant d’être retrouvé.

"On a toujours peur", confie Tapiwa.

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