La police disperse des anti-putsch devant l’Assemblée
La police mauritanienne a dispersé, lundi après-midi devant l’Assemblée nationale à Nouakchott, un rassemblement de manifestants opposés au coup d’Etat du 6 août, venus soutenir des députés anti-putsch en sit-in dans l’hémicycle, a-t-on appris de sources concordantes.
Selon des journalistes locaux interrogés par l’AFP, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de personnes.
Le député anti-putsch Moustapha Ould Bedredine (Union des forces de progrès, UFP), qui se trouvait à l’intérieur du bâtiment, a de son côté assuré à l’AFP qu’"un attroupement, venu par solidarité avec les députés en sit-in, avait été sévèrement dispersé par la police qui avait fait usage de lacrymogènes et de matraques".
Le député a également assuré par téléphone : "un huissier, qui rendait service aux parlementaires en sit-in, a été arrêté et sévèrement battu par les gardes à la porte".
A la mi-journée, une vingtaine de députés anti-putsch avaient débuté ce sit-in dans l’hémicycle, en exigeant que la session soit consacrée à l’examen de la crise politique. Munis de quelques provisions, ces élus avaient affirmé qu’ils s’installaient là "pour 24 heures".
Lundi dans la soirée, ces députés poursuivaient leur action à l’intérieur.
"Vers 14H00, des rumeurs circulaient que nous allions être évacués de force. Nous avions alors lancé un appel à nos militants pour qu’ils viennent manifester leur solidarité avec nous" a expliqué M. Ould Bedredine.
Menaces de "mesures disciplinaires"
Dans l’après-midi, le porte-parole de la majorité (pro-putsch) à l’Assemblée nationale, Mohamed El Moctar Ould Zamel, avait vivement critiqué ce sit-in, selon lui "anti-démocratique et peu respectueux de la sacralité des lieux". La majorité parlementaire avait également publié un communiqué dans lequel elle menaçait les auteurs du sit-in "de mesures disciplinaires", sans en préciser la teneur.
Depuis que le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été renversé par des militaires, il y a neuf mois, les députés affiliés au Front national pour la défense de la démocratie (FNDD, coalition anti-putsch) boycottent toutes les sessions parlementaires qu’ils dénoncent comme "illégales".
Mais les partisans du coup d’Etat sont majoritaires au Parlement.
Le fossé entre anti-putschistes et pro-putschistes s’est encore accentué depuis que la junte a prévu d’organiser le 6 juin une élection présidentielle anticipée que l’opposition boycottera.
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d’Etat, est déjà donné vainqueur de cette élection, face à trois candidats de moindre poids qui n’ont pas condamné le putsch. M. Ould Abdel Aziz préside depuis la semaine dernière un nouveau parti, l’Union pour la République, qui compte 83 des 151 parlementaires.
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