La pauvreté, le grand défi de l’équipe de Jacob Zuma
Le nouveau président sud-africain, Jacob Zuma, a annoncé dimanche la composition d’un gouvernement profondément remanié, préparant l’offensive contre une pauvreté toujours massive quinze ans après la chute de l’apartheid.
L’objectif est de "parvenir à un développement social et économique visible au cours des cinq années" du mandat, a déclaré M. Zuma, intronisé la veille après son élection par le Parlement issu du scrutin du 22 avril.
Une Commission nationale du Plan et un organisme d’évaluation et de contrôle sont créés au sein de la présidence, afin de "permettre à la machinerie d’Etat d’accélérer l’amélioration des services publics", écoles, hôpitaux, transports et logements, a souligné le chef de l’Etat lors d’une allocution télévisée.
"Nous ne tolèrerons pas la paresse ni l’incompétence", à tous les échelons de l’Etat, a-t-il martelé.
Le tribun zoulou, 67 ans, s’est engagé à répondre rapidement à la frustration de la population face au délabrement des services publics, en piteux état en dépit de la richesse de la première économie du continent.
Laissés-pour-compte du décollage économique post-apartheid, 43% des 48 millions de Sud-Africains vivent toujours avec moins de deux dollars par jour.
Gouvernement d’ouverture
Le président Zuma entend pour cela s’appuyer sur une équipe de personnalités souvent respectées, ouverte à l’opposition malgré les 65,9% de suffrages recueillis aux législatives par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).
La Commission du Plan, chargée de la définition d’une politique de développement cohérente "à laquelle pourront adhérer toutes les sphères du gouvernement", sera dirigée par Trevor Manuel.
Au ministère des Finances pendant 13 ans, ce dernier est considéré comme l’artisan de la croissance. Il sera remplacé par Pravin Gordhan, l’homme qui a alimenté les caisses de l’Etat en transformant les services du fisc en une administration efficace.
Le chef de l’Etat sortant, le sérieux et intègre Kgalema Motlanthe, prend la vice-présidence après avoir assuré l’intérim pendant sept mois aux commandes du pays. Le Parlement, dominé par l’ANC depuis les premières élections multiraciales en 1994, l’avait élu en septembre 2008 à la suite de la démission forcée de son prédécesseur, Thabo Mbeki.
Quant à Barbara Hogan, qui avait repris le ministère de la Santé en septembre dernier des mains de la très décriée Manto Tshabalala-Msimang, elle se voit confier un ministère clé, celui des Entreprises publiques.
Amortir l’impact de la crise mondiale
Le gouvernement Zuma entend amortir l’impact de la crise mondiale sur l’emploi grâce à des investissements massifs dans les infrastructures. Des centaines de milliers d’emplois sont menacés alors que l’Afrique du Sud entre en récession avec un taux de chômage qui frôle déjà les 40%.
L’éviction de Mme Hogan de la Santé a toutefois déçu les militants pour les droits des malades du Sida, qui l’avaient érigée en salvatrice après des années de déni des autorités face à la pire pandémie au monde.
Autres priorités du nouveau gouvernement: le développement des zones rurales, où la pauvreté est la plus abjecte, et la reconstruction du secteur éducatif, pilier de la lutte contre le chômage à long terme. Ces deux portefeuilles ont été divisés pour davantage d’efficacité.
Parmi les nominations qui devraient retenir l’attention figure aussi celle d’un proche allié du chef de l’Etat, le secrétaire général du Parti communiste Blade Nzimande, au nouveau ministère de l’Enseignement supérieur. Ainsi que celle de Pieter Mülder, défenseur de la cause des paysans blancs afrikaners, nommé adjoint à l’Agriculture.
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