La contrebande de la récolte du cacao ivoirien vers les pays frontaliers de l’Ouest comme le Liberia et la Guinée est devenue un sujet de préoccupation majeure à la présidence ivoirienne, laquelle qualifie désormais cette pratique de « crime économique ». Pour freiner l’élan des trafiquants, le garde des Sceaux Sansan Kambile a donné pleine compétence au pôle financier du tribunal de première instance d’Abidjan présidé par la magistrate Blanche Abanet.

200 000 tonnes de cacao en contrebande

Avec cette décision, Yves Brahima Koné, le directeur général du Conseil café cacao (CCC) le gendarme et gestionnaire de cette matière première agricole dont la Côte d’Ivoire est le numéro un mondial en termes de production et de récolte, a maintenant pleine compétence pour porter plainte contre les contrevenants et trafiquants de l’or brun. Cette plainte doit désormais être déposée devant le pôle économique et financier d’Abidjan et non plus devant les juridictions des villes de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, où l’infraction est commise.

Le pouvoir s’est penché sur le dossier car les plaintes et saisines devant les tribunaux ne prospéraient pas auparavant et étaient classées sans suite en raison de pressions subies par les magistrats et les forces de l’ordre de la part des réseaux de trafiquants.

Il s’agira de la deuxième fois que l’État ivoirien mettra en oeuvre un renforcement son dispositif de lutte contre le trafic de cacao. Lors du dernier trimestre 2023, Téné Birahima Ouattara, le ministre de la Défense avait procédé au changement de tous les éléments des forces de gendarmerie de la brigade de lutte contre la contrebande des produits agricoles, qui ont été déployés tout le long de la frontière ouest.

Selon les estimations des experts de la filière, le trafic vers le Liberia et la Guinée représente environ 200 000 tonnes sur la seule saison 2023-2024.

Les prix du cacao sont plus attrayants en Guinée et au Liberia avec respectivement 4 000 et 6 000 F CFA par kilogramme de fèves de cacao contre en moyenne 1 000 F CFA en Côte d’Ivoire. Alors que le cacao représente 40 % des recettes d’exportations de la Côte d’Ivoire, le trafic fait perdre beaucoup d’argent aux finances publiques ivoiriennes en matière fiscale et douanière.