Les humanitaires bientôt de retour au Darfour
Le Soudan s’est dit favorable, après des entretiens avec les représentants des Nations-unies et des Etats-Unis, à accueillir de nouvelles ONG internationales au Darfour. Les 13 principales associations humanitaires en poste dans cette région en guerre avaient été expulsées à la suite de l’émission par la Cour Pénale Inernationale d’un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir.
Publié le 7 mai 2009 Lecture : 3 minutes.
L’émissaire américain Scott Gration et le responsable de l’ONU John Holmes se sont entretenus chacun jeudi à Khartoum avec de hauts responsables soudanais d’un éventuel rétablissement de l’aide humanitaire au Darfour, amputée par l’expulsion de 13 ONG occidentales en mars dernier.
Le Soudan s’est dit prêt à accueillir de nouvelles ONG occidentales dans cette région en conflit mais a refusé le retour des 13 organisations expulsées après le mandat d’arrêt émis en mars par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
"J’accueille favorablement les assurances fournies par le commissaire (soudanais aux affaires humanitaires), que non seulement les agences de l’ONU sont les bienvenues mais aussi les ONG internationales et nationales, que leurs contributions sont appréciées et que de nouvelles ONG sont aussi les bienvenues", a déclaré John Holmes à la presse à Khartoum.
"Il y a un degré de flexibilité qui, j’espère, sera utile alors que nous allons de l’avant", a-t-il ajouté à l’issue d’une rencontre avec de hauts responsables du ministère des Affaires humanitaires.
Vers une normalisation des relations entre Washington et Khartoum?
L’aide humanitaire au Darfour, une région de l’ouest du Soudan, sera "en partie rétablie", avait déclaré sans plus de précisions en avril le sénateur américain John Kerry à l’issue d’entretiens à Khartoum avec de hauts responsables soudanais.
Selon des sources diplomatiques et humanitaires, les Etats-Unis ont proposé au Soudan d’accepter le retour d’une poignée d’ONG expulsées en échange de la mise sur pied d’une feuille de route devant conduire à la normalisation des relations entre les deux pays. Les relations américano-soudanaises sont tendues depuis l’arrivée au pouvoir d’Omar el-Béchir en juin 1989, à la faveur d’un coup d’Etat soutenu par les islamistes.
Accusant le Soudan d’héberger des membres d’Al-Qaïda, les Etats-Unis ont imposé en 1997 des sanctions économiques à ce pays et bombardé un an plus tard un site de la capitale soudanaise.
Les visites au Soudan de MM. Holmes et Gration surviennent peu avant le début de la saison des pluies au Darfour, qui complique l’acheminement de l’aide humanitaire et pose des risques quant à la propagation de certaines maladies. Une épidémie de méningite a fait son apparition dans certains camps du Darfour et plusieurs observateurs craignent l’apparition et la propagation du choléra.
Le Darfour est en proie depuis 2003 à un conflit complexe à l’origine de 300 000 morts selon l’ONU – 10 000 selon Khartoum – et 2,7 millions de déplacés.
Conflit au Sud-Soudan
De son côté, l’émissaire des Etats-Unis pour le Soudan Scott Gration, entamant sa deuxième tournée au Soudan en moins d’un mois, s’est entretenu avec le conseiller d’Omar el-Béchir, Nafie Ali Nafie.
Scott Gration s’est aussi entretenu avec Salva Kiir, à la fois vice-président du Soudan et président du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan, à propos de la mise en oeuvre de l’accord de paix entre le Nord et le Sud, qui a mis fin en 2005 au plus long conflit civil en Afrique (21 ans).
Des affrontements tribaux récents au Sud-Soudan font craindre une reprise de la guerre et une dégradation de la situation humanitaire dans cette région sous-développée qui tente de se relever.
L’accord de paix prévoyait des élections générales – présidentielle, législatives et régionales – en 2009 au Soudan, finalement reportées à février 2010, et un référendum en 2011 sur l’indépendance du Sud-Soudan. "Nous souhaitons des élections crédibles", a déclaré Scott Gration.
