Guantanamo : Lakhdar Boumediene bientôt en France

Lakhdar Boumediene devrait quitter Guantanamo et arriver en France « dans les dix prochains jours ». Ce père de famille de 42 ans était retenu depuis plusieurs années dans cette prison malgré l’abandon très rapide des soupçons de terrorisme.

Publié le 6 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Les Etats-Unis vont envoyer en France Lakhdar Boumediene, un détenu algérien de Guantanamo totalement innocenté après plus de sept ans de calvaire.

Selon une source proche du dossier qui a requis l’anonymat, le départ vers la France de M. Boumediene, un père de famille de 42 ans, pourrait intervenir "dans les dix prochains jours".

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Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé mardi que Bernard Kouchner avait envoyé une lettre à "un détenu de Guantanamo" lui indiquant qu’il pourrait bientôt être accueilli en France.

Un responsable américain sous couvert de l’anonymat a confirmé à l’AFP qu’il s’agissait de M. Boumediene.

Une première en Europe

La France pourrait donc être le premier pays de l’Union européenne à accueillir un détenu libre de Guantanamo, qui ne soit ni un résident ni un citoyen français, sur la foi de la promesse du président américain Barack Obama de fermer la prison et d’en finir avec les techniques d’interrogatoire et de détention controversées utilisées sous l’ère Bush.

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Nicolas Sarkozy avait officiellement annoncé le 3 avril que la France acceptait de recevoir un ancien de Guantanamo.

Dans sa lettre, dont l’AFP s’est procuré copie, M. Kouchner précise que la femme et les deux filles de 9 et 13 ans de Lakhdar Boumediene, actuellement en Algérie, sont également attendues en France. Selon une source proche du dossier, des négociations seraient en cours avec Alger pour leur permettre de faire le voyage.

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Arrêté à l’automne 2001 avec cinq autres Algériens, en Bosnie, où il résidait légalement, M. Boumediene a été remis aux autorités américaines sous le soupçon qu’il fomentait un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo puis transféré à Guantanamo dans les premiers jours d’existence de la prison, avec ces cinq compagnons d’infortune.

Accusations très vite tombées

Les accusations sont très vite tombées mais tous sont restés enfermés, en criant leur innocence.

Après des années de bataille judiciaire et une décision de la Cour suprême qui porte son nom, ce n’est qu’en novembre 2008 que M. Boumediene et quatre autres Algériens ont été définitivement innocentés par un juge fédéral américain. Quoique connu pour son conservatisme, le juge a tancé le gouvernement Bush pour l’inconsistance des éléments retenus à charge.

Entre-temps, en décembre 2006, M. Boumediene avait entamé une grève de la faim, la seule façon pour lui de conserver un pouvoir sur quelque chose dans cette prison où il a subi de nombreuses violences, selon ses avocats.

Il est depuis nourri de force deux fois par jour.

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