Des heurts opposent des policiers et des éleveurs de porcs
Des affrontements ont opposé dimanche au Caire des éleveurs de porcs à des policiers venus prendre leurs animaux pour les faire abattre dans le cadre de l’élimination de tout le cheptel porcin d’Egypte, décidée alors que la grippe porcine se propage dans de nombreux pays.
De 300 à 400 résidents de Manchiyet Nasr, un quartier de la colline du Moqattam (sud) habité majoritairement par des chiffonniers coptes, ont accueilli par des jets de pierres et de bouteilles les policiers dépêchés sur les lieux, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Quelques centaines de policiers anti-émeutes ont alors répliqué en lançant des gaz lacrymogènes et en tirant des balles en caoutchouc contre les manifestants, pour la plupart des jeunes gens.
Un poste de contrôle de police à l’orée du quartier a été détruit par les manifestants, et un officier a tiré en l’air un coup de semonce à balles réelles.
Au moins 15 blessés
Sept policiers ont été légèrement blessés, selon un responsable des services de sécurité, ainsi qu’au moins huit manifestants, d’après le journaliste de l’AFP et une source médicale.
Une ambulance sillonnait les abords de ce quartier où résident environ 35. 000 chiffonniers ou "zabbaline", qui trient sur place les ordures et élèvent quelque 60. 000 porcs.
"Nous ne les laisserons jamais entrer dans notre quartier, ils veulent nous voler notre gagne-pain", a déclaré un éleveur, Adel Izhak.
La police est restée postée aux abords du quartier.
Dans une tentative d’apaisement, un prêtre a réuni des responsables gouvernementaux et des dizaines d’éleveurs dans l’église du quartier.
Dans une ambiance très tendue, le père Samaan a exhorté les résidents de Manchiyet Nasr à cesser les violences, assurant avoir été informé par les employés gouvernementaux qu’ils recevraient des compensations.
Des incidents ont aussi éclaté de nouveau entre éleveurs et policiers à Khanka, à 25 km au nord du Caire, selon un responsable des services de sécurité.
Mercredi, le jour de l’annonce de la décision gouvernementale, des policiers avaient dû rebrousser chemin dans cette localité après avoir reçu des jets de pierre.
Affaire religieuse
Des critiques ont fusé contre cet abattage massif dans un pays où aucun cas animal ou humain n’a pour l’instant été déclaré, d’autant plus que l’OMS a indiqué n’avoir connaissance d’"aucune personne contaminée par des porcs".
Les autorités égyptiennes avaient d’abord présenté la mesure comme une précaution face à la grippe porcine, avant d’affirmer qu’il s’agissait d’éradiquer des élevages insalubres.
La majorité des 80 millions d’Egyptiens sont musulmans, dont la religion interdit de manger du porc considéré comme impur. Les Coptes, qui élèvent et consomment du porc, constituent de 6 à 10% de la population.
Selon l’éleveur Adel Izhak, les autorités "veulent se débarrasser des cochons parce que cet animal est interdit par l’Islam et qu’ils disent que l’Egypte est un pays islamique".
Après avoir affirmé que l’abattage des porcs allait se faire immédiatement, les autorités ont admis qu’il faudrait environ six mois aux abattoirs pour venir à bout du cheptel porcin.
Le ministre de l’Agriculture, Amine Abaza, a annoncé que l’Egypte devrait importer trois nouvelles machines spéciales pour parvenir à une capacité d’abattage de 3. 000 porcs par jour.
Selon le quotidien Al-Ahram, le barème de dédommagements prévoit 100 livres (14 euros) de compensation pour chaque porc abattu, 250 pour une femelle (35 euros).
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