Les Casques bleus tentent de rassurer les déplacés pendant la nuit

Si l’insécurité aurait généralement baissée au Darfour (ouest du Soudan), les réfugiés du conflit sont toujoiurs sur le qui-vive. En particulier la nuit. La Mission de paix des Nations Unies et de l’Union Africaine au Darfour tente comme elle peut de les rassurer… Reportage.

Publié le 2 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

Le convoi militaire s’engage dans les ruelles du camp d’Ardamata, soulevant la poussière qui trouble les derniers rayons du soleil. La nuit tombe sur le Darfour et les Casques bleus tentent d’assurer la sécurité de milliers de déplacés en pleine obscurité.

"La différence entre une patrouille de nuit et une patrouille de jour? C’est plus risqué la nuit", lance un soldat nigérian, mitraillette à la main, son casque azur vissé sur le crâne.

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Un convoi militaire de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) formé de deux blindés et de trois jeeps fait la tournée du chapelet de camps de déplacés couronnant la ville d’El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest, située tout près du Tchad.

"Ici, le soir, après le coucher du soleil, on entend des coups de feu", se plaint Toril Mohammed, résident du camp d’Ardamata, où faute d’électricité il n’y a aucune lumière la nuit si ce n’est celle des véhicules de passage.

Patrouilles" de militaires armés ou de policiers

"Mais je ne sais pas qui tire", souligne l’homme de 37 ans, vêtu d’une tunique blanche, et entouré d’une ribambelle d’enfants dont les plus jeunes sont nés dans ce camp de fortune, où des cases au toit de chaume ont fait leur apparition aux côtés des abris en toile.

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"Les déplacés se plaignent des coups de fusil la nuit. . . pour qu’ils se sentent en sécurité nous envoyons des patrouilles" de militaires armés ou de policiers, sans armes, explique le lieutenant colonel Hamza Kaoje de la Minuad.

La situation demeure tendue la nuit dans certaines zones du Darfour, notamment à El-Geneina, sorte de ville du "Far-West" darfourien où armée soudanaise, milices locales, rebelles, bandits de grand chemin et petits voyous circulent arme à la main.

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"Il y a beaucoup de problèmes ici la nuit, des coups de fusil. Il est préférable de ne pas sortir de chez soi", regrette Mohammed Moussa, un jeune chauffeur de taxi.

A la fin mars, un groupe d’inconnus a mis le feu la nuit au camp d’Abuzar, à deux pas d’El-Geneina, incendiant plus d’une centaine d’abris de fortune et tuant deux personnes.

Manque d’effectifs

"Les déplacés nous demandent de venir souvent, mais avec le nombre d’hommes dont nous disposons, nous ne pouvons pas être là (dans les camps) 24 heures sur 24 heures", regrette Hamza Kaoje.

La Minuad est appelée à devenir la plus importante mission de paix du monde, mais, 15 mois après son lancement, seulement 15. 700 des 26. 000 soldats et policiers prévus ont été déployés.

Et c’est sans compter le manque d’équipement de la mission, les braquages fréquents de ses 4 X 4 – très prisés sur le marché noir – et les embuscades dont sont parfois victimes ses patrouilles.

Le Darfour est le théâtre depuis 2003 d’un conflit complexe opposant une pléthore de mouvements armés aux forces gouvernementales et leurs milices alliées.

Le conflit a fait près de 300. 000 morts selon l’ONU, un chiffre ramené à 10. 000 par les autorités soudanaises, et 2,7 millions de personnes déplacées qui dépendent de l’aide alimentaire.

"Sécurité relative"

Mais le niveau général de violence a diminué depuis deux ans, soulignent plusieurs observateurs. "Les populations civiles vivent dans une sécurité relative. Les femmes peuvent aller chercher du bois à proximité des camps et revenir sans pour autant subir des agressions comme auparavant", estime le général sénégalais Balla Keita, commandant de la Minuad au Darfour-Ouest.

Le Soudan a expulsé en mars 13 grandes ONG internationales et fermé trois organisations locales actives au Darfour. Si la situation humanitaire se dégrade au cours des prochains mois, "peut-être que la sécurité va suivre", craint-il.

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