La grippe « porcine », un prétexte pour abattre les cochons

L’Egypte a reconnu jeudi qu’elle avait décidé d’abattre tous les porcs du pays plus par souci d' »hygiène générale » que pour combattre la grippe dite « porcine ». Quelque 250 000 bêtes doivent être égorgées.

Publié le 29 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

L’Egypte a reconnu jeudi que sa décision d’abattre tout son cheptel porcin – près de 250. 000 bêtes – était une mesure d’"hygiène générale" plutôt qu’une précaution contre la grippe porcine, comme annoncé la veille.

"Nous sommes maintenant au niveau d’alerte 5, la question n’est plus animale mais humaine", a affirmé à l’AFP le porte-parole du ministère de la Santé, Abderrahmane Chahine. "Les autorités ont profité de cette occasion pour régler la question de l’élevage sauvage en Egypte".

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D’après le ministère de l’Agriculture, il y a environ 250. 000 porcs dans le pays, élevés par des Coptes (chrétiens d’Egypte), notamment des trieurs d’ordures vivant dans des quartiers submergés par les détritus.

"Transférer l’élevage dans de vraies fermes"

Le directeur du département des maladies infectieuses du ministère de l’Agriculture, Saber Abdel Aziz Galal, a déclaré à l’AFP que l’abattage des porcs était "une mesure d’hygiène générale, pour transférer ce genre d’élevage dans de vraies fermes, pas dans les décharges".

"Aujourd’hui, ils vivent avec des chiens, des chats, des rats, des volailles et des hommes, tous dans la même zone avec les détritus. Nous allons construire de nouvelles fermes dans des zones spéciales, comme en Europe. Dans deux ans les porcs seront de retour, mais nous devons d’abord construire de nouvelles fermes", a-t-il ajouté.

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M. Galal n’a pas pu préciser combien de porcs seraient abattus jeudi.

L’opération d’abattage en Egypte prendra de trois semaines à un mois, selon le ministre de l’Agriculture Amine Abaza.

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Aucun cas animal ou humain de grippe porcine n’a pour l’instant été déclaré en Egypte, mais le pays est l’un des plus touchés au monde par la grippe aviaire et le ministre de la Santé, Hatem al-Gabali, a dit qu’il "prenait (la menace) très au sérieux".

"Aucune personne contaminée par des porcs"

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pourtant indiqué n’avoir connaissance d’"aucune personne contaminée par des porcs".

"Il semble qu’il s’agisse d’un virus qui se transmet d’une personne à l’autre", a expliqué son numéro deux, le Dr Keiji Fukuda.

"Les éleveurs recevront bien entendu des compensations", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Magdi Radi, cité par la presse, mais les autorités n’ont pas encore fixé de montant.

D’après M. Abaza, les autorités égyptiennes s’efforcent de convaincre les éleveurs de porcs du "danger" de l’élevage tel qu’il est pratiqué en Egypte afin qu’ils se présentent spontanément pour que leurs bêtes soient abattues.

Heurts entre éleveurs et policiers

"L’affaire n’est pas simple, tous ces porcs ne seront pas égorgés comme on appuie sur une télécommande", a-t-il affirmé, cité par le quotidien Al-Ahram, ajoutant que 300 porcs avaient été saisis alors que leur propriétaire tentait de les faire sortir clandestinement de sa ferme.

Des incidents ont d’ailleurs éclaté mercredi entre éleveurs et policiers policiers venus tuer les animaux.

La pandémie de grippe porcine est désormais "imminente", a prévenu l’OMS, en appelant tous les pays à se tenir prêts face à une maladie qui a fait, selon ses chiffres, 148 malades dans le monde, dont 8 sont morts.

Relevant que "le virus s’étend (. . . ) sans aucun signe de ralentissement", elle a décidé de relever à 5 sur une échelle de six son niveau d’alerte.

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