Grippe : tous les porcs du pays seront abattus
L’Egypte a décidé mercredi l’abattage « immédiat » de son cheptel de porcs pour éviter l’apparition de la grippe porcine sur son territoire, devenant le premier pays au monde à prendre une telle mesure.
"Il a été décidé de commencer immédiatement à égorger tous les porcs en Egypte, en faisant tourner les abattoirs à leur maximum", a déclaré à la presse le ministre égyptien de la Santé, Hatem el-Gabali, après une réunion avec le président Hosni Moubarak.
Les autorités sanitaires d’Egypte, où aucun cas animal ou humain de grippe porcine n’a pour l’instant été rapporté, ont également décidé de lancer une campagne de sensibilisation sur le virus et d’augmenter la production de masques chirurgicaux et de Tamiflu, selon M. Gabali.
Le ministre, dont le pays est l’un des plus touchés au monde par la grippe aviaire, a estimé que la situation était "grave" et que l’Egypte "prenait (la menace) très au sérieux".
Partie du Mexique où elle pourrait avoir fait 159 morts (sept sont pour le moment avérés), l’épidémie de grippe porcine a continué de se propager mercredi, avec un premier décès aux Etats-Unis et de nouveaux cas confirmés en Europe.
250. 000 porcs menacés
Les premiers cas au Proche-Orient ont été confirmés mardi en Israël chez deux hommes âgés de 26 et 49 ans, rentrés récemment du Mexique.
Plusieurs pays, notamment asiatiques, ont décidé d’arrêter les importations de porc en provenance du Mexique et de certains Etats américains.
Or les élevages de porcs ne sont pas, jusqu’à preuve du contraire, responsables de l’épidémie de grippe, selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Bernard Vallat.
La chambre basse du Parlement égyptien avait tout de même appelé mardi à abattre "immédiatement" les quelque 250. 000 porcs élevés dans le pays comme mesure de prévention contre la grippe porcine.
La majorité des 80 millions d’Egyptiens sont des musulmans, dont la religion interdit de manger du porc. Les chrétiens constituent de 6 à 10% de la population selon les estimations.
Eleveurs en colère
Des éleveurs de porcs aux abords du Caire, en majorité des trieurs d’ordures chrétiens, se sont dits révoltés par la décision du gouvernement.
"Nos porcs sont en bonne santé, ils sont tout notre capital et ils ne sont pas malades", a ainsi affirmé à l’AFP Adel Ishak, de Manchiyet Nasr, dans le nord-est du Caire.
"Comment vont-ils remplacer ce capital si les porcs sont tués?", a ajouté, furieux, ce père de dix enfants.
Ayman Saad, qui possède un élevage de porcs à Batn al-Baqqar, a affirmé que les autorités lui avaient assuré qu’il recevrait une compensation de 600 livres égyptiennes (environ 80 euros) par porc abattu.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de passer "en phase d’alerte 5" sur une échelle de six face à la grippe porcine, ce qui signifie que le risque d’épidémie mondiale est "imminent".
L’appellation de la grippe continue en même temps de susciter le débat, de nombreuses voix s’étant élevées pour récuser le nom de "grippe porcine" officiellement adopté par l’OMS, invoquant notamment les conséquences économiques considérables pour les producteurs de porcs dont certains commencent à être touchés.
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