Au Niger, bientôt des rendez-vous rue Poutine ?

Des communes nigériennes envisagent de changer les noms de certains de leurs espaces publics. Le média russe Sputnik croit savoir que des artères pourraient être renommées en l’honneur de Vladimir Poutine.

© Damien Glez

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Publié le 2 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

La guerre idéologique étant aussi affaire de mots et donc de noms propres, l’amitié entre les peuples aime s’oindre des œuvres de la toponymie. Dans l’Alliance des États du Sahel (AES), l’heure est à la réappropriation de l’Histoire par la « renomination » des espaces publics. Si l’idée est de graver les noms de figures historiques nationales qui ont marqué chaque pays, le vent panafricaniste inspire aussi quelques références révolutionnaires plus globalement africaines, voire quelques clins d’œil au-delà du continent.

Le régime issu du putsch nigérien de 2023 a déjà fait part de sa volonté de changer quelques noms de rues. Et, si ce genre de baptêmes emprunte généralement les patronymes de personnes décédées, l’agence de presse multimédia russe Sputnik vient d’annoncer que différentes localités du Niger pourraient honorer l’actuel président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

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Des rues et un parc en l’honneur de la Russie

Le média russe, qui cite des organes de presse locaux, affirme que les villes de Niamey et Zinder seraient notamment prêtes à baptiser l’une de leurs artères en l’honneur de Vladimir Poutine. Et de citer le maire de la deuxième ville du Niger par la population : « Nous sommes prêts à le faire parce que la Russie nous a aidés. » Issoufou Mamane aurait ajouté que Moscou « a soutenu » le peuple nigérien « dans les moments difficiles », et en particulier depuis le putsch de 2023.

Avec l’arrivée au pouvoir du général de brigade Abdourahamane Tiani, Niamey s’est en effet autant éloignée de Paris et de Washington qu’elle s’est rapprochée de Moscou. Sputnik croit également savoir qu’un « parc de l’amitié entre le Niger et la Russie » pourrait voir le jour dans la capitale nigérienne.

La logique nigérienne en matière de toponymie est partagée par les voisins malien et burkinabè, en particulier lorsqu’il s’agit des traces nominatives de colons ou de personnalités étrangères symbolisant la domination du passé colonial. En octobre dernier, à l’approche du trente-sixième anniversaire de l’assassinat du père de la révolution burkinabè, le régime du capitaine Ibrahim Traoré annonçait que le boulevard Charles de Gaulle devenait « boulevard Thomas Sankara ».

Quelques mois plus tard, le ministère malien de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme informait le Conseil des ministres du 15 mai d’un programme de changement de noms de rues, espaces, édifices publics et monuments. Une Commission nationale de baptême des lieux publics est chargée de valoriser les héros de l’Histoire malienne. Cette même Histoire dira, plus tard, si les dirigeants de l’AES auront résisté à l’envie de baptiser quelques lieux de leur propre nom. Certains de leurs prédécesseurs avaient allégrement franchi le pas…

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