Niger : Areva, au rapport !

Les mines d’uranium exploitées par le groupe nucléaire français vont faire l’objet d’un audit. L’occasion pour le président Issoufou de rééquilibrer un partenariat pas assez avantageux à son goût.

Areva exploite la mine d’uranium d’Arlit au Niger. © Pierre Verdy/AFP

Areva exploite la mine d’uranium d’Arlit au Niger. © Pierre Verdy/AFP

Publié le 27 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Depuis son élection en mars 2011 à la présidence du Niger, Mahamadou Issoufou, qui fut dans les années 1980 un cadre de la Somaïr, l’une des filiales nigériennes d’Areva, a fait sienne la règle établie par ses prédécesseurs : souffler le chaud et le froid avec le géant français du nucléaire.

Dernier épisode en date : le 20 septembre, Omar Hamidou Tchiana, le ministre des Mines, a annoncé que les mines d’uranium exploitées par Areva feraient l’objet d’un audit. La presse française y a vu un nouvel exemple des pressions exercées par Niamey sur le groupe basé à Paris en vue d’en retirer des avantages supplémentaires, et les ONG ont applaudi l’initiative. « C’est du jamais vu. Nous saluons cette démarche, même si nous attendons de voir les résultats », explique Moustapha Kadi Oumani, du Collectif pour la défense du droit à l’énergie.

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Tiraillements

Cette annonce tombe il est vrai à point nommé, puisque le contrat de dix ans liant le Niger au groupe français arrive à son terme dans trois mois. Le gouvernement entend bien profiter de sa renégociation pour accroître ses recettes fiscales et obtenir de la firme qu’elle s’engage à investir dans les infrastructures. Voilà des mois que Tchiana répète, avec l’aval d’Issoufou, le même discours : « Nous respectons Areva, mais nous voulons un partenariat plus équilibré. Les recettes tirées de l’uranium représentent 5 % du budget de l’État nigérien. C’est insuffisant : 20 % est un minimum. » Niamey souhaite notamment que les Français financent en partie la réhabilitation de la « route de l’uranium », qui relie Tahoua à la région minière d’Arlit via Agadez, et qu’ils disposent enfin d’un siège digne de ce nom dans la capitale. Deux points sur lesquels Areva est prêt à négocier.

Mais les apparences sont trompeuses. Cet audit, qui pourrait passer pour un énième tiraillement entre le Niger et le groupe français, marque au contraire leur rapprochement après plusieurs mois de tensions. L’enquête sera ainsi menée « de concert avec Areva », assure le ministre. Mieux, selon une source interne du groupe, c’est Luc Oursel, le patron du géant du nucléaire, qui en est à l’origine : « Lors de sa dernière visite à Niamey, il avait émis l’idée de recourir à une autorité indépendante pour établir un bilan en toute transparence. »

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