Obama n’exclut pas des poursuites contre ceux qui ont autorisé la torture

D’anciens membres de l’administration Bush risquent des poursuites pour avoir couvert juridiquement l’emploi de la torture par la CIA sur des suspects de terrorisme. Cette éventualité fait grincer les défenseurs de cette technique d’interrogatoire mais aussi des proches du président américain Barack Obama.

Publié le 22 avril 2009 Lecture : 3 minutes.

Le président américain Barack Obama a laissé la porte ouverte mardi à des poursuites contre d’ex-membres de l’administration Bush ayant donné une couverture juridique à l’emploi par la CIA de techniques assimilées à des actes de torture sur les suspects de terrorisme.

M. Obama prend le risque d’ouvrir une boîte de Pandore non seulement légale mais politique en refusant d’exclure une telle éventualité, au moment où la publication de notes internes de l’ère Bush, fournissant une justification juridique à l’emploi de telles méthodes, fait déjà polémique.

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Simulation de noyade

Les documents rendus publics la semaine dernière par l’administration Obama fournissaient à la CIA l’argumentaire juridique pour infliger aux terroristes des traitements censés les faire parler, comme la simulation de noyade.

L’administration Obama a expliqué avoir publié ces notes parce qu’elle risquait d’être forcée de le faire par l’action en justice d’une grande organisation de défense des libertés et parce que leur contenu était déjà sur la place publique pour une grande part.

M. Obama a interdit le recours à ces méthodes deux jours après son investiture. Mais la publication des notes l’a exposé aux critiques non seulement des défenseurs de ces techniques, comme l’ancien vice-président Dick Cheney, mais aussi à leurs adversaires, dont beaucoup dans le camp de l’actuel président.

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Barack Obama sous pression

M. Obama s’est retrouvé soumis à des pressions de défenseurs des droits de l’Homme et d’alliés démocrates pour que les responsables de ces politiques ne s’en tirent pas à si bon compte.

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Interrogé sur le sujet à l’occasion d’entretiens avec le roi Abdallah II de Jordanie à la Maison Blanche, M. Obama a répété qu’il serait "inapproprié" d’engager des poursuites contre les agents de la CIA, qui auraient conduit de tels interrogatoires mais n’auraient fait que s’en tenir à l’avis des juristes de l’administration Bush sur ce qui était légal et ce qui ne l’était pas.

"Quant à ceux qui ont formulé ces décisions juridiques, je dirais que la décision appartiendra davantage au ministre de la Justice, dans un périmètre déterminé par différentes lois", a-t-il dit. "Et je ne veux pas me prononcer a priori. Je pense que beaucoup de questions compliquées entrent en ligne de compte", a-t-il dit.

Ces propos ont immédiatement soulevé d’innombrables questions, dont celle-ci: comment les auteurs des notes pourraient-ils avoir à rendre des comptes, et pas les politiques au plus haut niveau ?

Divisions dans le camp Obama

Or, le chef de cabinet de M. Obama, Rahm Emanuel, a déclaré dimanche que le président n’était pas favorable à ce qu’on poursuive ceux qui avaient "conçu ces politiques".

Interrogé sur la possible mise en cause de responsables aussi hauts placés que l’ancien président George W. Bush, le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a affirmé que c’était aller très vite en besogne avant que le département de la Justice, le cas échéant, ne se soit prononcé.

M. Obama a cependant redit sa réticence envers des poursuites en déclarant que "d’une manière générale, nous devrions regarder de l’avant, et non pas en arrière".

Il a aussi exprimé des réserves sur une enquête parlementaire et dit que, si elle avait lieu, il fallait veiller à ce qu’elle ne soit pas "politisée". Mais le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, John Conyers, a annoncé que cet organe allait organiser des auditions rapidement sur les notes de la CIA.

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