Au sommet Chine-Afrique, Pékin veut « approfondir son engagement économique »

Une vingtaine de dirigeants africains se retrouvent à Pékin pour un sommet qui se tiendra jusqu’au 6 septembre. Et qui se déroulera sur fond de promesses de coopération dans les infrastructures, l’énergie et l’éducation.

Le président nigérian Bola Tinubu arrive à Pékin pour participer au Focac, le 1er septembre 2024. © Greg Baker / POOL / AFP

Le président nigérian Bola Tinubu arrive à Pékin pour participer au Focac, le 1er septembre 2024. © Greg Baker / POOL / AFP

Publié le 4 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Pékin accueille le Forum sur la coopération sino-africaine 2024 (FOCAC) du 4 au 6 septembre. © REUTERS/Tingshu Wang
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Sommet Chine-Afrique 2024 : les illusions perdues

Chute des prêts souverains, balance commerciale structurellement déficitaire, investissements prudents… Alors que Pékin accueille les dirigeants du continent du 4 au 6 septembre 2024, l’hyperactivisme chinois en Afrique a du plomb dans l’aile. Le continent peut-il encore attendre quelque chose de cette grand-messe politico-économique ?

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Au total, 25 dirigeants de pays africains sont arrivés dans la capitale chinoise ou ont confirmé leur présence au Forum de la coopération Chine-Afrique qui démarre ce soir avec une photo de famille et un grand dîner de bienvenue, suivis le 5 septembre par une cérémonie d’ouverture où le président chinois Xi Jinping prononcera un discours.

Deuxième économie mondiale, la Chine est le premier partenaire commercial du continent africain, avec des échanges bilatéraux à hauteur de 167,8 milliards de dollars (151,8 milliards d’euros) au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois. Elle a envoyé ces deux dernières décennies des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs en Afrique pour construire ces grands projets, et gagné un accès privilégié aux vastes ressources naturelles africaines, notamment le cuivre, l’or et le lithium.

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Les prêts des banques publiques chinoises ont permis de financer de nombreuses infrastructures destinées à doper la croissance africaine (voies ferrées, ports, routes…) mais aussi soulevé des interrogations car ils ont également creusé l’endettement de certains pays.

« Vrai ami de l’Afrique »

Xi Jinping est « un vrai ami de l’Afrique », a assuré cette semaine la presse officielle chinoise, insistant sur les liens entre Pékin et continent qui ont atteint de « nouveaux sommets » depuis son arrivée au pouvoir. Le président chinois a déjà eu ces derniers jours des entretiens en tête-à-tête avec une dizaine de dirigeants africains arrivés à Pékin, selon un décompte des médias chinois.

Lors de sa rencontre avec Bola Tinubu, le président du Nigeria – l’un des pays africains ayant le plus emprunté à la Chine -, Xi Jinping a appelé à une plus grande coopération dans le « développement des infrastructures, de l’énergie et des ressources naturelles ».

Quand il a reçu son homologue du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa le même jour, il a promis une collaboration en termes d’ « investissements, de commerce, d’infrastructures, de ressources naturelles ». Il lui a aussi apporté son soutien face aux « sanctions illégales » imposées par les États-Unis, qui accusent le gouvernement zimbabwéen de corruption et de violations des droits de l’homme.

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Net recul

Mais le montant des prêts accordés par la Chine aux pays africains l’an passé – 4,61 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) – est en net recul par rapport aux sommets atteints en 2016, où ils s’élevaient à près de 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros). Selon les analystes, le ralentissement économique actuel en Chine pousse Pékin à réduire ses investissements en Afrique.

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Le sommet de cette semaine intervient aussi sur fond de concurrence croissante entre les États-Unis et la Chine en Afrique, en matière d’influence politique et d’accès aux ressources naturelles. « Approfondir l’engagement économique envers l’Afrique dans tous les domaines » reste l’un des objectifs de la Chine lors du forum, explique Zainab Usman, directrice du programme Afrique à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. « Dans des domaines spécifiques, même si un engagement accru n’a pas de sens économique, il sera motivé par des raisons géopolitiques », souligne-t-elle.

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L’un des objectifs pourrait aussi être de réduire le déséquilibre commercial croissant entre la Chine et l’Afrique, notamment en augmentant les importations dans l’agriculture et les minéraux transformés. « Répondre à ces demandes africaines est dans l’intérêt géopolitique de la Chine, afin de garder (les pays africains) à ses côtés dans le bras de fer qui l’oppose aux États-Unis », assure Zainab Usman.

(Avec AFP)

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