Durban II : tollé après une diatribe anti-Israël d’Ahmadinejad

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a provoqué lundi un tollé général lors de la première journée de la Conférence de l’ONU sur le racisme à Genève, en se lançant dans une violente diatribe contre Israël qui a conduit les pays européens présents à quitter la salle.

Publié le 20 avril 2009 Lecture : 3 minutes.

Ignorant l’appel personnel du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à ne pas assimiler le sionisme à du racisme, M. Ahmadinejad a profité de l’audience pour critiquer la création d’Israël qui a privé "de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive".

Il a accusé les Alliés, après la Seconde guerre mondiale, d’avoir "envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et du monde de l’Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée".

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"Des efforts doivent être fait pour mettre un terme aux abus des Sionistes et de (leurs) partisans", a insisté le président iranien, provoquant le départ de la salle du siège de l’ONU des 23 représentants de l’Union européenne présents, hués par des participants.

Les Européens avaient prévenu de leur intention de quitter la salle si M. Ahmadinejad dérapait avec des "accusations antisémites".

L’intervention du président iranien, qui a duré plus de 30 minutes au lieu de sept prévu, a également été perturbée par les cris de plusieurs manifestants affublés de perruques multicolores et de nez rouge, qui l’ont traité de "raciste" avant d’être expulsés par les gardes de l’ONU.

Cette action a été revendiquée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui a qualifié de "mascarade" cette conférence censée assurer le suivi de celle organisée à Durban en 2001.

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Déçu par la tournure prise par la journée, l’ONU a vivement critiqué les déclarations de M. Ahmadinejad.

L’Onu déplore les déclarations iraniennes

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"Je déplore l’utilisation de cette plate-forme par le président iranien pour mettre en accusation, diviser et même provoquer", a déclaré Ban Ki-moon. "C’est profondément regrettable que mon plaidoyer pour regarder vers un avenir d’unité n’ait pas été écouté par le président iranien", a-t-il ajouté.

L’ambassadeur américain adjoint à l’ONU, Alejandro Wolff, a qualifié lundi de "honteux", "exécrables" et "haineux" les propos de M. Ahmadinejad.

La République tchèque, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne au premier semestre 2009, a décidé de se retirer "définitivement" de la conférence en réaction aux déclarations de M. Ahmadinejad, a annoncé à Prague le ministère tchèque des Affaires étrangères.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé lundi l’Union européenne à faire preuve d’une "extrême fermeté" après le discours du président iranien, qu’il a qualifié d’"appel intolérable à la haine raciste".

La Grande-Bretagne a elle "condamné sans réserve" ces propos "incendiaires", a déclaré un porte-parole du Premier ministre Gordon Brown.

La crainte de dérapages antisémites rééditant le scénario de la conférence de 2001 à Durban (Afrique du Sud), avait justifié la défection à Genève de plusieurs pays occidentaux dont l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne. A Durban, les attaques contre Israël avaient provoqué le départ fracassant des Américains et Israéliens.

Le boycottage "relève de l’arrogance et de l’égoïsme"

Cette fois, les Etats-Unis et Israël ont d’emblée refusé de participer. Révélant une nouvelle fois des divisions européennes, la France et la Grande-Bretagne se sont décidés à la dernière minute à être présents quoiqu’au niveau de leur ambassadeur.

Ce boycottage "relève de l’arrogance et de l’égoïsme et est à l’origine des problèmes dans le monde", a commenté lors d’une conférence de presse M. Ahmadinejad, le seul président présent lundi à Genève.

Outre le "problème Ahmadinejad", la plupart des pays occidentaux ont émis des doutes sur le projet de déclaration finale, élaboré par les diplomates.

Le document, entériné vendredi par le comité préparatoire de la conférence, ne fait pourtant plus mention d’Israël ni de la diffamation des religions, deux "lignes rouges" pour les Occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de l’Holocauste était maintenu contre l’avis de l’Iran.

Les discussions sur ce texte pourraient se poursuivre cette semaine, dans l’objectif d’une adoption vendredi, au dernier jour de la Conférence. Comme en 2001, les dérapages de la journée pourraient selon les observateurs ne pas empêcher un consensus final.

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