Les neuf homosexuels condamnés en janvier sont libres
Les neuf hommes condamnés en janvier pour homosexualité en janvier doivent recouvrer la liberté ce lundi. La Cour d’appel de Dakar a ordonné l’annulation du « procès verbal d’enquête et de la procédure subséquente » et « la mainlevée des mandats de dépôt ».
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Neuf Sénégalais condamnés en janvier à huit ans de prison ferme pour homosexualité devaient être libérés de prison lundi sur ordre de la Cour d’appel de Dakar qui a annulé la procédure judiciaire.
Le président de la cour d’appel, Bara Niang, a publiquement annoncé lundi matin que sa juridiction ordonnait l’annulation du "procès verbal d’enquête et de la procédure subséquente" et "la mainlevée des mandats de dépôt".
Les neuf hommes, tous âgés de moins de 30 ans, avaient été condamnés le 7 janvier pour "acte impudique et contre nature et association de malfaiteurs" après avoir été arrêtés en décembre, à Mbao, à la périphérie de Dakar.
"Ils vont sortir ce soir" de prison, s’est aussitôt félicité Me Biram Sassoum Sy, un des avocats de la défense, interrogé par l’AFP.
Au cours du procès en appel, les défenseurs n’avaient pas abordé le fond. Ils avaient d’abord soulevé de "nombreuses exceptions de nullité" et rejeté toute idée de flagrant délit.
Pas de flagrant délit
"Suite à une dénonciation anonyme par téléphone, la police avait fait une descente en pleine nuit dans un appartement privé, et le principal accusé, dirigeant d’une association de lutte contre le sida, était allé ouvrir", a relaté l’un des avocats, Me Issa Diop, interrogé par l’AFP.
"Il a été avancé que ces hommes avaient été trouvés en pleins ébats, mais c’est faux. La police a saisi des objets et des téléphones portables avec des photos, et s’est basée sur cela pour monter un dossier", a ajouté l’avocat.
Au nom de l’accusation, l’avocat général lui-même avait souligné qu’il ne s’opposait pas à l’annulation des actes juridiques.
Au Sénégal, pays essentiellement musulman, l’homosexualité est déniée et réduite à la clandestinité. Officiellement interdite, elle est passible d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.
En janvier, les neuf hommes avaient écopé de huit ans de prison ferme et 500. 000 francs CFA (760 euros) d’amende chacun. Leur condamnation pour "association de malfaiteurs", comme s’ils s’étaient concertés pour un délit, avait en effet alourdi la peine.
Justice indépendante
"La décision rendue ce lundi nous réconforte et nous conforte dans notre position que la justice sénégalaise est objective et sereine. Elle a jugé en toute responsabilité et non pas en fonction d’injonctions extérieures", a estimé Me Sy, en faisant allusion aux critiques internationales.
Des organisations de défense des droits humains et de lutte contre le sida avaient "exhorté" les autorités sénégalaises à décriminaliser l’homosexualité, tandis que le président français Nicolas Sarkozy avait exprimé son "émotion" et sa "préoccupation".
La grande majorité des Sénégalais, en revanche, approuvait l’emprisonnement des neuf hommes, qualifiés de "goordjiguen" (‘homme-femme’ en langue wolof), "impurs". "Il faut les supprimer!", entendait-on parfois dans les conversations.
Le quotidien L’Observateur a cependant publié lundi un entretien avec l’universitaire sénégalais Cheikh Niang, expliquant que "le fait qu’il y ait différentes formes d’orientation sexuelle est un phénomène anthropologique qui a existé dans toutes les sociétés". Le chercheur affirme également en tant que musulman: "je me suis dit que la diversité sexuelle n’était pas de mon fait, pas non plus du fait du juge, mais de Dieu" et que "l’on n’a pas le droit de tuer une personne que Dieu a faite".
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