Quatre Africains sur la ligne de départ du prix Goncourt
Comme chaque année, la rentrée littéraire française va de pair avec les sélections des prix Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, etc. Le continent africain y est bien représenté.
En France, chaque rentrée littéraire s’accompagne du même cérémonial autour des prix littéraires (Goncourt, Renaudot, Fémina, Novembre, Interallié, etc.) : annonce des premières listes d’auteurs sélectionnés, puis des deuxièmes listes, pronostics des uns et des autres (journalistes, libraires, éditeurs…) avant que les heureux élus ne touchent le pactole. Le rituel ne change pas, ou peu, mais dans ce moment d’âpres négociations où il est autant question d’argent que de littérature, il est toujours possible de trouver matière à se réjouir. On se réjouira donc de la présence, de plus en plus fréquente, d’auteurs du continent dans les sélections.
Sélection peu surprenante
Soyons honnêtes, les jurés des prix ont depuis longtemps su distinguer des auteurs venus d’Afrique ou ayant des origines africaines : le Martiniquais René Maran obtient le prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala, le Malien Yambo Ouologuem obtient le prix Renaudot en 1968 pour Le Devoir de Violence, le Marocain Tahar Ben Jelloun rafle le Goncourt 1987 avec La Nuit Sacrée… – un prix dont il est aujourd’hui membre du jury. Plus récemment ont été salués Marie Ndiaye, Leila Slimani, Mohamed Mbougar Sarr qui entretiennent des liens plus ou moins forts avec le continent.
Cette année, la sélection Goncourt, à défaut d’être surprenante, est à l’image de l’ouverture des éditeurs français sur le monde : parmi les 16 auteurs à s’aligner pour la médaille d’or de la littérature française – ou plutôt francophone – on retrouve quatre écrivains venus du continent. Parmi eux, sans surprise, l’auteur de Petit pays (Prix Goncourt des Lycéens en 2016), le franco-rwandais né au Burundi Gaël Faye, qui publie Jacaranda aux éditions Grasset. Un livre qui traite notamment du poids du silence au Rwanda.
Face à lui, l’Algérien de Mesra Kamel Daoud, prix Goncourt du premier roman en 2015 pour Meursault, contre-enquête, qui avait failli remporter – à une voix près – le Goncourt 2014. Cette année, Kamel Daoud publie Houris, chez Gallimard, qui raconte l’histoire d’Aube, une jeune algérienne ayant traversé les sombres années 1990. On soulignera que Faye et Daoud comptent aussi parmi les 18 auteurs de la première liste du Prix Renaudot – en compagnie de la Camerounaise Hemley Boum (Le rêve du pêcheur, Gallimard).
Pour le Goncourt sont aussi sélectionnés deux auteurs d’origine marocaine : Abdellah Taïa, prix de Flore 2010 pour Le jour du Roi, publie cette année Le bastion des larmes aux éditions Julliard. Comme dans la plupart des livres de cet enfant de Salé, il y est question d’homosexualité, de famille, de pauvreté. Enfin, nouveau venu, Ruben Barrouk est né en 1997 à Paris, mais son premier roman publié aux éditions Albin Michel, Tout le bruit du Guéliz, s’enracine à Marrakech dont est originaire sa famille.
Pour eux comme pour nous, ainsi que pour les douze autres auteurs en course, l’attente ne fait que commencer. Prochaine étape : la deuxième liste de huit noms dévoilée le 1er octobre. Avant les quatre finalistes qui seront connus le 22 octobre, le bouquet final étant prévu le 4 novembre. À vos pronostics.
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