Les expulsions de migrants, le grain de sable dans l’amitié algéro-nigérienne

Une ONG nigérienne déclare que, depuis le début de l’année, près de 20 000 migrants africains auraient été expulsés d’Algérie vers le Niger, dans des conditions brutales. Alger et Niamey affichent pourtant des relations au beau fixe.

© Damien Glez

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Publié le 5 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

La statistique provient d’Alarme Phone Sahara (APS), un projet de coopération entre associations qui défendent les migrants contre certaines politiques répressives, aux conséquences parfois meurtrières. Cette structure lanceuse d’alerte est basée à Agadez, au Niger, et relie des membres associatifs de l’espace sahélo-saharien et d’Europe. Relayé par des médias locaux et des agences de presse internationales, l’un de ses récents rapports affirme que l’Algérie aurait refoulé près de 20 000 migrants irréguliers vers le Niger, depuis janvier 2024, notamment des femmes et des enfants.

L’ONG retrace le parcours d’au moins 19 798 migrants arrêtés en Algérie, transférés vers le Niger, abandonnés à environ 15 kilomètres de la ville d’Assamaka et hébergés dans des centres de transit de l’Organisation internationale pour la migration (OIM) puis envoyés dans d’autres centres à Arlit ou Agadez.

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Échos d’un passé récent

Des témoignages décrivent des conditions d’expulsion « brutales », parfois accompagnées de confiscation des quelques biens des candidats à la traversée de la Méditerranée. Les mésaventures de ces clandestins ne sont pas sans rappeler le refoulement vers des zones désertiques, il y a un an, de milliers de migrants de Tunisie, à la frontière avec l’Algérie ou la Libye

Ces déambulations migratoires affligeantes peuvent également être mises en perspective avec l’abrogation, en novembre dernier, d’une loi nigérienne qui criminalise le trafic des exilés depuis 2015. La junte avait dénoncé un texte « voté sous l’influence de puissances étrangères ». Mais sur cette plaque tournante des migrants vers l’Europe, le marché de l’exil a ses revers.

Depuis le mois d’avril, les autorités nigériennes et algériennes ont frisé l’incident diplomatique sur cette question des expulsions de migrants. Niamey avait convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour protester. En réponse, Alger avait convoqué l’ambassadeur nigérien, estimant les accusations de Niamey « sans fondement ».

La grogne n’empêche pas l’Algérie de faire preuve de solidarité avec son voisin meurtri par de graves inondations. Le 19 août dernier, elle a envoyé au Niger quatre avions chargés d’aide alimentaire et médicale. En amont du volet humanitaire, la coopération économique est de mise. Le 8 août, le groupe Sonatrach, dont l’État algérien est actionnaire, a annoncé la reprise des activités pétrolières au Niger.

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