Après deux présidents, l’île a deux premiers ministres…
Le président évincé de Madagascar, Marc Ravalomanana, a désigné un nouveau Premier ministre « légal », a-t-il annoncé jeudi par téléphone à environ 15. 000 de ses partisans réunis à Antananarivo.
"Je viens de nommer M. Manandafy Rakotonirina Premier ministre. Il est le Premier ministre légal. Nous espérons, et le monde entier aussi, qu’il accomplira son devoir pour le retour de la paix et surtout le bien-être du peuple malgache", a déclaré M. Ravalomanana, réfugié au Swaziland.
M. Rakotonirina, âgé de 70 ans, était présent jeudi à la tribune du rassemblement dans la capitale malgache.
Lâché par l’armée et confronté à la pire crise qu’il ait connue depuis son arrivée à la tête du pays en 2002, M. Ravalomanana a remis ses pouvoirs le 17 mars à un directoire militaire qui les a transférés quelques heures plus tard à Andry Rajoelina, alors chef de l’opposition, et désormais à la tête d’une Haute autorité de transition (HAT).
Dans un document lu à la tribune et signé de sa main le 10 avril à Tripoli, M. Ravalomanana dit annuler l’ordonnance par laquelle il avait remis son pouvoir à un directoire militaire.
Le document affirme que "le directoire militaire n’a jamais été constitué", que "le président n’a pas formellement déposé sa démission et demeure le président légalement élu", "que le gouvernement a été dissous et que dès lors, il est nécessaire qu’un nouveau gouvernement soit mis en place".
Un second document, sous forme de décret, officialise la nomination du Premier ministre.
Ce dernier a rendu visite jeudi à la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) pour la "prévenir" de sa nomination mais n’a entamé aucune démarche auprès de l’institution, a indiqué une source bien informée à la HCC.
M. Rakotonirina a convié à la tribune les représentants de la communauté internationale à le rencontrer vendredi matin avant de recevoir dans l’après-midi les opérateurs économiques.
Cette nomination constitue un nouveau défi au régime de transition dirigé par Andry Rajoelina, 34 ans. Ce dernier avait procédé à la nomination de son propre Premier ministre, Monja Roindefo, début février, au plus fort de son mouvement de contestation populaire contre le président Ravalomanana.
Mardi, les discussions multilatérales entamées sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine (UA) entre le nouveau régime malgache et les composantes majeures de l’opposition avaient été ajournées.
Les représentants du parti de M. Ravalomanana les ont boycottées tandis que les ex-présidents Didier Ratsiraka (1975-1993 et 1997-2002) et Albert Zafy (1993-1996) ne reconnaissent pas le nouveau pouvoir.
L’UA, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et l’Organisation internationale de la Francophonie ont suspendu Madagascar. Les Occidentaux ont condamné ce qu’ils considèrent comme un "coup d’Etat".
La crise politique dans la Grande Ile a entraîné la mort de plus d’une centaine de personnes depuis fin janvier et paralyse l’économie.
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