Le légionnaire meurtrier arrêté
Le légionnaire français accusé d’avoir tué mardi quatre personnes près d’Abéché (est) a été arrêté jeudi par des gendarmes tchadiens. La France et le Tchad doivent déterminer qui jugera le soldat d’origine brésilienne, décrit comme « déprimé » par un membre de sa famille.
Sans doute vaincu par la soif, le légionnaire français qui a tué mardi deux camarades et un soldat togolais à Abéché (est du Tchad), puis abattu un paysan tchadien, a été arrêté jeudi par la gendarmerie tchadienne près d’un puits, après deux jours de cavale.
De source militaire française, le légionnaire désarmé a été arrêté sans violence par la population et remis à une patrouille tchadienne.
"Le soldat a été appréhendé par la gendarmerie tchadienne à 10 km d’Abéché alors qu’il tentait de se ravitailler à un puits. Il est actuellement au ‘violon’ de la gendarmerie d’Abéché", a affirmé à l’AFP une autorité locale sous couvert de l’anonymat. "Il était déguisé en civil lors de son arrestation à Arkou", a indiqué à l’AFP le ministre de l’Intérieur tchadien Ahamat Bachir, précisant qu’il était "sain et sauf".
Soldat d’origine brésilienne
Difficile, le terrain autour d’Abéché est semi-désertique avec des collines rocailleuses. En ce moment, il y fait plus de 40 degrés aux heures chaudes.
"On leur apprend à résister 2-3 jours dans des conditions difficiles et c’est probable donc qu’il puisse mieux résister aux conditions", indiquait mercredi sous couvert de l’anonymat une source militaire française, confiante dans les possibilités de retrouver le militaire dans ces délais.
Le légionnaire "a été formellement identifié par les autorités militaires françaises", a confirmé l’état-major français. Agé de 27 ans, le soldat de deuxième classe est d’origine brésilienne dont le nom d’emprunt dans la Légion est Josafa Da Silva. De source proche du dossier, il a un frère légionnaire actuellement en mission au Tchad.
D’importants moyens avec des éléments de la gendarmerie et l’armée tchadiennes ainsi que de la Force européenne Eufor et de la Mission des Nations unies (Minurcat), épaulés par des hélicoptères, étaient déployés depuis mardi pour retrouver le fugitif.
Remis à la France ou jugé au Tchad ?
"Le soldat est entre les mains de la gendarmerie tchadienne pour les besoins de l’enquête. Une information judiciaire est ouverte", a affirmé le ministre tchadien de l’Intérieur, ajoutant que N’Djamena allait "étudier" les conventions pour déterminer si le soldat doit être remis à la France ou jugé au Tchad.
"En tout cas, nous allons faire en sorte que justice soit appliquée puisque les faits se sont déroulés au Tchad", a-t-il ajouté. "Il faut qu’il soit remis aux gendarmes français", a-t-on indiqué de source française.
Un accord entre l’Europe et le Tchad sur le statut des soldats de l’Eufor reconnaît la compétence prioritaire des tribunaux des pays contributeurs de la force, selon lui. Pour la France, il s’agit du tribunal aux armées de Paris, compétent pour les crimes et délits commis par les militaires sur les théâtres d’opérations extérieures.
Il était "déprimé et avait très peur"
Mardi, victime d’un accès de folie, selon les militaires français, le légionnaire a tué deux camarades, puis un soldat togolais de la Minurcat et par la suite un paysan tchadien pour lui dérober son cheval.
Les légionnaires tués, un sergent de 30 ans, Français d’origine guinéenne, marié et père d’un enfant, et un légionnaire de 1ère classe d’origine roumaine, célibataire, appartenaient au 2e régiment étranger d’infanterie de Nîmes (sud). Tous trois étaient stationnés au Camp des étoiles, proche de l’aéroport d’Abéché.
Selon une sœur du légionnaire arrêté, ce dernier était "déprimé et avait très peur". Il est né dans un milieu chrétien "évangélique" et est "un homme intègre" qui aidait beaucoup financièrement sa famille, a-t-elle déclaré à la chaîne d’information brésilienne Globo News, affirmant qu’il était "comme harcelé" par ses camarades de la Légion.
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