Au Kenya, émotion et indignation après le féminicide de l’athlète ougandaise Rebecca Cheptegei

La marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei a perdu la vie, jeudi 5 septembre, des suites de graves brûlures occasionnées quatre jours auparavant par un individu décrit comme son compagnon.

Tout juste rentrée des Jeux olympiques de Paris 2024, la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei (en maillot jaune) a été tuée par son compagnon. © FERENC ISZA/AFP

Tout juste rentrée des Jeux olympiques de Paris 2024, la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei (en maillot jaune) a été tuée par son compagnon. © FERENC ISZA/AFP

Publié le 5 septembre 2024 Lecture : 3 minutes.

« Crime odieux », « féminicide », « violence insensée »… Le monde du sport et des associations de défense des droits des femmes ont condamné, le 5 septembre, le décès, au Kenya, de la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei, brûlée vive par un homme présenté comme son compagnon.

L’athlète de 33 ans, qui avait participé au marathon des Jeux olympiques de Paris, est morte jeudi à 5 h 30. Brûlée « à plus de 80 % », elle a succombé à « une défaillance de plusieurs organes », a annoncé Kimani Mbugua, responsable de l’unité de soins intensifs au Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) de la ville d’Eldoret.

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Différend au sujet d’un terrain

Elle avait été hospitalisée dimanche après avoir été arrosée d’essence et embrasée chez elle par un homme, identifié comme Dickson Ndiema Marangach, alors qu’elle revenait de l’église avec ses enfants. La marathonienne vivait avec sa sœur et ses deux filles, âgées de 9 et 11 ans selon le quotidien kényan The Standard, dans une maison qu’elle avait fait construire à Endebess, localité où elle s’entraînait, à 25 kilomètres de la frontière ougandaise.

Un rapport de police a présenté l’athlète et le suspect comme « un couple qui avait constamment des disputes familiales ». Selon le père de Rebecca Cheptegei, l’attaque a pour origine un différend au sujet du terrain que sa fille avait acheté pour construire sa maison.

Également brûlé et hospitalisé, le suspect est dans un état « stable », sous respirateur artificiel, a indiqué Owen Menach, le directeur par intérim du MRTH. « Il est maintenant sous surveillance policière 24 heures sur 24 », a-t-il ajouté.

Le monde du sport en état de choc

Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, s’est dit « choqué et profondément attristé » de cette « horrible attaque ».

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« La nouvelle de la mort tragique de notre fille, Rebecca Cheptegei, à la suite de violences conjugales est profondément troublante », a réagi sur X la Première dame ougandaise, Janet Museveni, également ministre des Sports.

« Cette tragédie nous rappelle avec force que nous devons faire davantage pour lutter contre la violence sexiste dans notre société, qui a fait son apparition ces dernières années dans les cercles sportifs d’élite », a estimé le ministre kényan des Sports, Kipchumba Murkomen, dans un communiqué.

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Pour les organisateurs des Jeux de Paris, ce « crime odieux rappelle la réalité alarmante de la violence qui touche trop de femmes dans la société ».

Plusieurs centaines de féminicides par an

« Oui, c’est un féminicide. Nous devons mettre fin aux féminicides », a lancé sur X Njeri Migwi, cofondatrice de l’association Usikimye (« Ne reste pas silencieuse » en swahili), refuge pour victimes de violences sexuelles et sexistes.

Ce décès vient s’ajouter à ceux de nombreuses autres femmes au Kenya, où 152 féminicides ont été enregistrés en 2023 par l’organisation Femicide Count Kenya, qui souligne toutefois que « le nombre réel est certainement plus élevé ».

Un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) évoquait 725 cas de féminicides en 2022.

Trois ans après le meurtre de l’athlète Agnes Tirop

Le monde de l’athlétisme au Kenya a particulièrement été frappé par ces violences ces dernières années. « Cette violence insensée doit cesser », s’est indignée l’athlète roumaine d’origine kényane Joan Chelimo, qui a cofondé l’association Tirop’s Angels, créée au Kenya par des athlètes pour lutter contre les violences faites aux femmes après la mort d’Agnes Tirop.

Le meurtre en octobre 2021 de cette prometteuse athlète de 25 ans, double médaillée de bronze mondiale du 10 000 m (2017, 2019) et 4e des JO de Tokyo sur 5 000 m, avait bouleversé le monde de l’athlétisme au Kenya, où ce sport est roi. La jeune femme avait été retrouvée poignardée à mort à son domicile d’Iten, célèbre lieu d’entraînement pour la course de fond dans la vallée du Rift. Son mari Emmanuel Ibrahim Rotich est poursuivi pour meurtre. Il nie les accusations. Son procès est en cours.

En avril 2022, une autre athlète bahreïnie d’origine kényane, Damaris Mutua, avait été retrouvée morte à Iten. Son compagnon, en fuite, est soupçonné de l’avoir tuée.

(Avec AFP)

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