Chine-Afrique, Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed, Makala et immigration africaine en France : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

Ce qu’il faut retenir du sommet Chine-Afrique, les enjeux de la présidentielle en Algérie, notre enquête sur l’hyperprésidentialisme de Kaïs Saïed en Tunisie, nos informations sur la « tentative d’évasion » sanglante à la prison de Makala en RDC et le nouveau visage de l’immigration africaine en France : voici les cinq infos qu’il ne fallait pas rater cette semaine dans JA.

Le président chinois, Xi Jinping (seul en bas), s’exprime lors de la cérémonie d’ouverture du Focac au Palais du peuple, à Pékin, le 5 septembre 2024. © GREG BAKER / POOL / AFP

Le président chinois, Xi Jinping (seul en bas), s’exprime lors de la cérémonie d’ouverture du Focac au Palais du peuple, à Pékin, le 5 septembre 2024. © GREG BAKER / POOL / AFP

Publié le 7 septembre 2024 Lecture : 6 minutes.

Bonjour à toutes et tous,

Bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique. Nous vous proposons ici une sélection des cinq articles les plus marquants de la semaine, qu’ils vous permettent de mieux comprendre l’un des évènements qui a bouleversé l’actualité ou qu’ils offrent un regard nouveau sur un sujet central pour le continent.

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Au programme de cette édition :

1 – Sommet Chine-Afrique 2024 : les illusions perdues

2 – Présidentielle en Algérie : Tebboune a-t-il su amorcer le réveil économique ?

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3 – La Tunisie à l’épreuve de l’hyperprésidence de Kaïs Saïed

4 – Makala : l’incroyable tentative d’évasion

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 5 – 3,5 millions d’immigrés africains en France : quelles origines et quel niveau social ?

1 – Sommet Chine-Afrique 2024 : les illusions perdues

Discours d'ouverture du président chinois Xi Jinping au Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) dans le Grand Hall du Peuple à Pékin, le 5 septembre 2024. © GREG BAKER / AFP

Discours d'ouverture du président chinois Xi Jinping au Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) dans le Grand Hall du Peuple à Pékin, le 5 septembre 2024. © GREG BAKER / AFP

50 milliards de dollars. C’est le montant que le président chinois, Xi Jinping, a promis de mettre sur la table dans les trois prochaines années, dans le but de renforcer la coopération entre Pékin et le continent africain. Un engagement qui doit déboucher sur la création d’« au moins un million d’emplois en Afrique », que le leader chinois a pris devant un impressionnant parterre de chefs d’État africains, venus en nombre au 9ᵉ sommet Chine-Afrique. Pendant toute la semaine, les équipes de Jeune Afrique vous ont fait vivre ce sommet, crucial tant pour Pékin que pour les pays du continent dont la Chine est le premier partenaire commercial. Analyses, interviews, infographies, décryptage en vidéo… Tous nos articles sont à retrouver sur notre page spéciale.

Diplomatie du chéquier. Le contexte est cependant particulier : la Chine, qui enregistre un fort ralentissement de sa croissance, revoit ses priorités, notamment sur sa « stratégie africaine ». Les prêts massifs, jadis accordés par la Chine sur des projets d’infrastructures, ont désormais tendance à se raréfier. La demande des dirigeants africains de voir, enfin, un rééquilibrage de la balance commerciale tarde à être entendue. Par ailleurs, les promesses de financements qui avaient été faites lors du précédent sommet, à Dakar, ont été loin d’être entièrement tenues.

Faut-il, dès lors, croire à ces nouvelles promesses ? « Nous sommes dans une moyenne. Mais compte tenu de la baisse continue des prêts souverains accordés par la Chine ces dernières années, cela peut être vu comme un effort fait par Pékin. Pour les dirigeants africains, c’est un soulagement, mais ils ne sont pas dupes. Au rythme actuel, je vois mal comment Pékin pourra atteindre ce montant d’ici à trois ans. L’Afrique va attendre la Chine au tournant », analyse Xavier Aurégan, docteur en géopolitique et spécialiste des relations sino-africaines.

2 – Tebboune a-t-il su amorcer le réveil économique ?

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune (à droite, à l'arrière), et le Premier ministre slovène, Robert Golob (à gauche, à l'arrière), assistent à une cérémonie de signature d'un accord de coopération, à Alger, le 27 mai 2024. © APS/CHINE NOUVELLE/SIPA

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune (à droite, à l'arrière), et le Premier ministre slovène, Robert Golob (à gauche, à l'arrière), assistent à une cérémonie de signature d'un accord de coopération, à Alger, le 27 mai 2024. © APS/CHINE NOUVELLE/SIPA

Élection jouée d’avance ? Ce samedi, les 47 millions d’électeurs algériens sont appelés aux urnes dans un contexte social et politique tendu. Pour l’opinion publique et ce qu’il reste de l’opposition, tout comme pour les chancelleries étrangères, l’affaire est déjà « réglée » : candidat à sa propre succession, le président Abdelmadjid Tebboune est assuré d’être réélu à un second mandat. Face à lui, seuls deux candidats ont été autorisés à se présenter : Youcef Aouchiche, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), et  Abdelaali Hassani Cherif, leader du Mouvement pour la société et la paix (MSP, parti islamiste). Tous deux se défendent de servir de caution, mais il est clair que leur participation permet au pouvoir d’accréditer l’idée que deux courants politiques, démocrate et islamiste, représentatifs du paysage politique algérien, prennent part à ce scrutin, analyse Farid Alilat.

Réveil économique ? Si la campagne s’est montrée pour le moins atone, tant le scrutin semble joué d’avance, les questions sociales n’en ont pas moins été au cœur des – rares – débats. Les questions économiques, en revanche, n’ont peu ou prou pas été abordées sur le fond, alors que certaines réformes pourraient faire entrer le pays dans une autre dimension, analyse Thaïs Brouck. L’Algérie est en effet la troisième économie du continent, dépassant un Nigeria plombé par la crise du naira. L’Algérie profite notamment du contexte géopolitique, la guerre en Ukraine lui ayant permis de tripler, entre 2020 et 2022, ses exportations de gaz. L’Algérie affiche, en 2023, un taux de croissance de 4,3 %. Des marges de manœuvres budgétaires qui ont notamment permis à Abdelmadjid Tebboune d’acheter la paix sociale, : les « transferts sociaux » et autres subventions représentaient déjà plus du quart du PIB en 2023, et n’ont eu de cesse d’augmenter à l’approche du scrutin.

3 – La Tunisie à l’épreuve de l’hyperprésidence de Kaïs Saïed

Le président tunisien Kaïs Saïed lors de l’ouverture du mini-sommet diplomatique du Maghreb Tunisie-Algérie-Libye, au palais de Carthage, à Tunis, le 22 avril 2024. © Mohamed Hammi/Tunisian Presidency/SIPA

Le président tunisien Kaïs Saïed lors de l’ouverture du mini-sommet diplomatique du Maghreb Tunisie-Algérie-Libye, au palais de Carthage, à Tunis, le 22 avril 2024. © Mohamed Hammi/Tunisian Presidency/SIPA

Contre-pouvoirs muselés. Depuis son arrivée au pouvoir, Kaïs Saïed s’est attelé, méthodiquement, à renforcer sa mainmise sur tous les leviers de pouvoir. L’ensemble du système politique et institutionnel a été graduellement démantelé et remplacé par un régime présidentialiste, scellé par la nouvelle Constitution, promulguée en août 2022, décrypte Frida Dahmani, dans l’enquête qu’elle signe pour Jeune Afrique sur la méthode déployée par le président tunisien, qui s’apprête à briguer un second mandat, le 6 octobre prochain.

Retour aux années Ben Ali ? Cette enquête semble avoir provoqué l’ire du chef de l’État. Le numéro 3140 du mensuel Jeune Afrique, daté de septembre, n’a pas été autorisé en Tunisie. « Il s’agit pourtant d’un bilan objectif, documenté et précis de son mandat, mais aussi de son mode de gouvernance, lui qui briguera sa propre succession le 6 octobre, au cours d’une élection présidentielle jouée d’avance, car sans véritable concurrent sur la ligne de départ », insiste Marwane Ben Yahmed, directeur de la publication de JA. Une interdiction qui sonne comme un « triste retour aux années Ben Ali, qui virent JA frappé de censure à chaque article qui déplaisait au palais de Carthage ».

4 – Makala : l’incroyable tentative d’évasion

L’entrée de la prison Makala, à Kinshasa. © GRIP

L’entrée de la prison Makala, à Kinshasa. © GRIP

129 morts. C’est le bilan de la « tentative d’évasion » qui s’est déroulée dans la nuit du dimanche 1ᵉʳ au lundi 2 septembre, à la prison de Makala, à Kinshasa. Au milieu de la nuit, les quelque 15 000 prisonniers – dans cet établissement conçu pour en accueillir 1 500 – ont été réveillés par le bruit de tirs à balles réelles. Si les circonstances de cette « tentative d’évasion » demeurent encore floues, il semble clair, selon les témoignages recueillis par Jeune Afrique, que la surpopulation carcérale et les conditions dégradées de détention ont provoqué un mouvement de panique dans la prison.

Directeur en fuite. Trois jours après les faits, Joseph Yusufu Maliki, le directeur de la prison, a été suspendu de ses fonctions par le ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba. Selon les informations de Jeune Afrique, Maliki est recherché par les services de police, qui ont pour consigne de l’arrêter. Mais le désormais ex-directeur de la prison de Makala a quitté le pays. « Chaque semaine, les magistrats envoient des détenus à Makala sans tenir compte de la capacité de cantonnement de la prison », a par ailleurs accusé Constant Mutamba, engagé depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec les magistrats.

5 – 3,5 millions d’immigrés africains en France

Des demandeurs d'asile tiennent un document officiel délivré par l'ambassade de France à Malte, à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, le 30 août 2018. © ALAIN JOCARD/AFP

Des demandeurs d'asile tiennent un document officiel délivré par l'ambassade de France à Malte, à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, le 30 août 2018. © ALAIN JOCARD/AFP

D’où viennent les immigrés ? En 2023, la France comptait 3,5 millions d’immigrés nés en Afrique, soit 48 % du nombre total d’immigrés présents sur le territoire. Dans une note publiée fin août, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) brosse un portrait particulièrement instructif des Africains qui ont opté pour la France, dont nous vous proposons de découvrir les principaux enseignements dans notre infographie. On y apprend notamment que, si le Maghreb est surreprésenté, avec six émigrés africains présents sur le territoire français sur dix nés en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, l’immigration en provenance d’Afrique subsaharienne représente une part croissante.

Déclassement. L’étude confirme également le sentiment de déclassement social ressenti par nombre de ces émigrés africains qui, une fois en France, estiment être employés à des tâches en deçà de leurs qualifications professionnelles. Un sentiment qui dit, en creux, la réalité du racisme structurel qui prévaut dans l’Hexagone, et qui est si souvent instrumentalisé politiquement par la frange la plus droitière de la classe politique française.

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