Présidentielle en Algérie : faible participation et victoire prévue de Tebboune

Le taux de participation, inférieur à 50 %, était le principal enjeu de cette élection dont le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, devrait sortir vainqueur.

Dans un bureau de vote d’Alger, lors de la présidentielle du 7 septembre 2024. © AFP

Dans un bureau de vote d’Alger, lors de la présidentielle du 7 septembre 2024. © AFP

Publié le 8 septembre 2024 Lecture : 3 minutes.

Avec trois heures de retard sur l’horaire prévu pour son point presse, le président de l’autorité électorale Anie, Mohamed Charfi, a annoncé « un taux moyen de participation de 48,03 % à 20 heures » (19 heures GMT) ce samedi 7 septembre, sans préciser le nombre d’électeurs par rapport aux plus de 24 millions d’inscrits. Il s’agit « d’un chiffre préliminaire », a-t-il indiqué. Les résultats du vote sont attendus dimanche.

En décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune avait été élu avec 58 % des suffrages mais avec une participation de seulement 39,83 % (soit un taux d’abstention de 60 %), dans un contexte marqué par l’hostilité des manifestants prodémocratie du Hirak et des appels au boycott de formations politiques.

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Samedi, l’affluence était très timide à l’ouverture des urnes, à 8 heures (7 heures GMT) et les images des télévisions n’ont montré que de rares bureaux avec des files d’attente importantes. En fin de journée, l’Anie a retardé d’une heure la fermeture, à la demande de « certains coordinateurs » du vote.

Dans l’après-midi, dans un bureau du centre d’Alger, des femmes ont grossi les rangs des votants, qui initialement étaient uniquement des hommes, comme Sidali Mahmoudi, un commerçant de 65 ans, venu « tôt pour faire son devoir en toute démocratie ». Taous Zaiedi, une retraitée de 66 ans, et Leila Belgaremi, une comptable de 42 ans, ont dit voter « pour que le pays s’améliore ».

Deux candidats face à Tebboune

Face au président sortant, deux candidats étaient en lice : Abdelaali Hassani, un ingénieur de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste) et Youcef Aouchiche, 41 ans, ex-journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d’opposition).

Abdelmadjid Tebboune est donné grand favori, bénéficiant de l’appui de quatre formations majeures, dont le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique).

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Hasni Abidi, du Centre d’études Cermam à Genève, a expliqué la faible participation par « une campagne médiocre » avec deux concurrents qui « n’étaient pas à la hauteur » et un président qui « a animé à peine quatre meetings ». Pour les électeurs, « à quoi bon voter si tous les pronostics étaient en faveur du président », ajoute l’expert.

Environ 24,5 millions d’électeurs, dont un tiers de moins de 40 ans, sur 45 millions d’habitants étaient convoqués. Après un vote matinal, Abdelaali Hassani avait souhaité une « participation élevée » qui « donne une plus grande crédibilité » aux élections, tandis que Youcef Aouchiche exhortait aussi « les Algériens à participer en force » pour sortir « définitivement du boycott et du désespoir ».

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Sans évoquer l’affluence, Abdelmadjid Tebboune a jugé essentiel que « le vainqueur poursuive [son] projet, décisif pour l’Algérie, afin d’atteindre un point de non-retour dans le développement économique et la construction d’une démocratie ».

Les trois candidats ont tous dit vouloir améliorer le pouvoir d’achat et redresser l’économie, afin qu’elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95 % des recettes en devises).

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Aidé par la manne du gaz naturel dont l’Algérie est le premier exportateur africain, Abdelmadjid Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, deux millions de logements neufs et 450 000 emplois nouveaux, pour faire de l’Algérie « la deuxième économie en Afrique », derrière l’Afrique du Sud.

Cherchant à conquérir les plus jeunes, Tebboune a demandé cinq ans de plus pour parachever des projets entravés par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre.

« libérer les prisonniers d’opinion »

Ses rivaux ont promis davantage de libertés. Notamment le candidat du FFS, qui s’est engagé à « libérer les prisonniers d’opinion via une amnistie et à réexaminer les lois injustes » sur le terrorisme ou les médias. Pour Abidi, le mouvement du Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement liées au Covid et l’arrestation de ses figures de proue, a « montré le niveau élevé de maturité politique » des Algériens.

S’il remporte l’élection, Tebboune « survivra à un déficit d’adhésion populaire, mais à condition de revoir entièrement sa méthode de gouvernance et d’opérer des changements dans son équipe ». Sinon, le « déficit de démocratie » dans son bilan pourrait constituer un handicap dans un nouveau mandat.

L’ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer à « étouffer l’espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains », avec de « nouvelles arrestations arbitraires » et « une approche de tolérance zéro à l’égard des opinions dissidentes ».

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