Encore deux humanitaires enlevés au Darfour
Deux employés de l’ONG Aide médicale internationale ont été enlevés dans la nuit de samedi à dimanche au Darfour (Ouest). Selon le ministère soudanais des Affaires étrangères, les otages sont français et canadien.
Deux humanitaires de l’ONG Aide médicale internationale (Ami), de nationalité française et canadienne, ont été enlevés samedi au Darfour, région de l’ouest du Soudan en guerre civile où le travail des organisations humanitaires est devenu encore plus risqué.
L’ONG française a annoncé que deux humanitaires expatriés avaient été enlevés dans la nuit de samedi à dimanche à Ed el-Fursan au Darfour-Sud, à une centaine de km du Tchad, par des hommes armés non identifiés, sans préciser leur identité.
Mais le responsable du protocole au ministère soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef, a affirmé qu’ils étaient français et canadien.
"Une personne est de nationalité française, l’autre de nationalité canadienne", a déclaré à l’AFP M. Youssef, confirmant ainsi des informations circulant sur un site internet proche des services de renseignements soudanais.
Le Centre soudanais des médias a indiqué sur son site internet qu’une rançon avait été demandée par les ravisseurs, information qui n’a pas été confirmée par Ali Youssef.
Le Soudan "fait de son mieux afin de les libérer"
"Le gouvernement soudanais fait de son mieux afin de les libérer", a-t-il assuré.
Selon un responsable local ayant requis l’anonymat, les deux humanitaires expatriés ont été enlevés avec deux employés soudanais de l’Ami. "Les deux employés nationaux ont été relâchés et on ne sait toujours pas où sont les deux membres internationaux", a-t-il indiqué.
Au Darfour depuis fin 2004, Aide médicale internationale est implantée à Khor Abeche et Ed el-Fursan, la coordination étant assurée depuis une base à Nyala, la capitale du Darfour-Sud.
Deux employés de l’Ami tués mi-février
Deux employés soudanais de cette ONG avaient été tués à la mi-février dans une attaque par des hommes à cheval et à chameau près de Khor Abeche. Un humanitaire soudanais travaillant pour l’ONG canadienne Fellowship for African Relief a aussi été tué en mars au Darfour-ouest.
L’enlèvement des deux membres d’Aide médicale internationale survient trois semaines après celui de cinq employés – un Français, un Italien, une Canadienne et deux Soudanais – de la section belge de Médecins sans frontières (MSF-Belgique) au Darfour-Nord. Les otages occidentaux avaient été libérés trois jours plus tard.
L’enlèvement des humanitaires de MSF et de l’Ami est intervenu après l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. Khartoum avait réagi en expulsant 13 ONG internationales actives au Darfour et annoncé un vaste plan de nationalisation des organisations humanitaires travaillant dans cette région aussi grande que la France.
Situation sur le terrain plus compliquée
Malgré cela, "on poursuivait notre programme, on n’était pas visés", a déclaré dimanche à l’AFP Frédéric Mar, responsable communication et développement de l’Ami.
La situation était déjà difficile sur le terrain avant la décision de la CPI, mais plusieurs organisations jugent maintenant que la sécurité s’est détériorée et complique encore plus leur travail.
La guerre civile au Darfour a fait 300. 000 morts depuis 2003 selon l’ONU – seulement 10. 000 selon Khartoum – ainsi que 2,7 millions de déplacés. Samedi, l’envoyé spécial des Etats-Unis, Scott Gration, a estimé que la situation humanitaire au Darfour était "sur le point de s’aggraver".
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