Les Algériens de France aux urnes pour la présidentielle
Les Algériens ont commencé à voter samedi pour l’élection présidentielle du 9 avril. Si certains se rendent aux urnes pour des raisons purement politiques, d’autres confient des motivations bien plus terre à terre… Reportage.
"Voter, c’est ma façon de montrer que je suis toujours Algérien": comme Nabil Zaabat, habitant de l’Ain, venu à Lyon pour participer à l’élection présidentielle algérienne, des milliers d’Algériens de France ont commencé à voter samedi de façon anticipée. Ils ont six jours pour déposer leur bulletin dans l’urne, jusqu’au jeudi 9 avril, jour du scrutin en Algérie.
Le dépouillement aura lieu jeudi soir, en France comme en Algérie, et les résultats sont attendus vendredi. "La voix des Algériens de France pèse lourd, elle doit être entendue", estime Boualem, préretraité de Villeurbanne (Rhône), qui passe un tiers de son temps à Sidi-Aïssa, dans l’est de l’Algérie.
Etre "considérés comme les autres Algériens"
"Nous voulons une politique du respect: que nous, les ‘immigrés’, soyons aussi bien considérés que les autres Algériens", souligne le quinquagénaire, ajoutant qu’il vient aussi voter pour "faire barrage aux extrémistes".
Les Algériens de France sont une composante non négligeable de l’électorat, avec plus de 776. 00 inscrits sur 20,6 millions d’électeurs algériens, selon les chiffres de l’ambassade. En 2004, lors de la dernière présidentielle, leur taux de participation était "autour de 30 à 33%".
"La dernière fois qu’on n’a pas voté, on s’est retrouvé avec le FIS (Front Islamique du Salut). Depuis, on fait notre devoir de citoyen", explique un autre électeur à Lyon, Habib Mehiaoui.
Dans la capitale des Gaules, un flot régulier d’électeurs, plutôt âgés, ont voté dans un gymnase, derrière le stade de Gerland, où sept bureaux de vote ont été installés.
"Accentuer la mobilisation des électeurs en Algérie"
"Ce scrutin peut avoir un effet d’entraînement: voir les Algériens de France voter en masse peut accentuer la mobilisation des électeurs en Algérie jeudi", s’est félicité le consul d’Algérie à Lyon, Abdelkrim Touahria.
A Marseille, plus d’une centaine de cars, affrétés par des associations, ont été mobilisés pour acheminer les électeurs, entraînant plusieurs heures d’attente. L’importante affluence a entraîné un mouvement de foule qui a causé l’écroulement de parois entre les bureaux de vote, provoquant l’interruption momentanée du scrutin, ont constaté des journalistes de l’AFP.
"Je suis de la nouvelle génération et je tenais à voter. Je veux que Bouteflika passe", a souligné Keltoum, 40 ans, venue d’Aix-en-Provence.
"J’accompagne un ami mais je ne vote pas parce qu’il n’y a pas de représentants des autres partis. Ce sont les mêmes qui gouvernent depuis 1962, ça suffit", a protesté quant à lui Mouloud, 55 ans.
" Voter pour prouver qu’on est Algérien"
"De toute façon les dés sont jetés, c’est reparti pour un tour de Bouteflika!", s’est-il indigné, alors que le Rassemblement pour la culture et la démocratie, parti de l’opposition, a décrété le 9 avril journée de "deuil".
Si les partisans du président sortant Abdelaziz Bouteflika sont fiers de participer à "la première démocratie en Afrique", d’autres ont des motivations plus terre à terre. "Le consulat demande la carte d’électeur pour certaines démarches.
Il faut voter pour prouver qu’on est Algérien", souligne une jeune fille voilée, venue voter à Lyon avec ses parents. "Moi, je vote car avec ça, je paie 150 euros de moins les billets pour rentrer au bled", explique Mohammed Omar.
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