Béchir joue les globe-trotters à Doha malgré la CPI

Le président soudanais est arrivé dimanche au Qatar pour assister au sommet annuel de la Ligue arabe. Après ses déplacements la semaine dernière en Erythrée, en Egypte et en Libye, Omar el-Béchir prouve une nouvelle fois qu’il ne craint pas le mandat d’arrêt que la Cour pénale internationale a émis contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour (ouest).

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Le président soudanais a une nouvelle fois bravé dimanche la Cour pénale internationale en se rendant à Doha (Qatar) en dépit d’un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile.

Omar el-Béchir doit assister au sommet annuel de la Ligue arabe, auquel participera aussi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

la suite après cette publicité

M. Béchir, dont la venue était incertaine, est arrivé dimanche à Doha, où il a été accueilli par l’hôte du sommet, l’émir du Qatar cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani.

Son déplacement avait été annoncé peu auparavant à Khartoum par un responsable soudanais qui n’a pas précisé la durée de son séjour au Qatar.

Quatrième voyage à l’étranger

Il s’agit du quatrième voyage à l’étranger du président soudanais depuis le mandat d’arrêt délivré contre lui le 4 mars par la CPI. Il s’est rendu la semaine dernière en Erythrée, en Egypte et en Libye.

la suite après cette publicité

Déjà présent à Doha, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon assistera également au sommet arabe en dépit de la présence du président soudanais, a indiqué un responsable onusien.

"Le Soudan est un pays membre des Nations unies alors que la CPI est un organisme judiciaire indépendant qui n’interdit pas à l’ONU de traiter avec le Soudan", a souligné ce responsable à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

la suite après cette publicité

"Pas d’immunité pour Omar el-Béchir"

Lors des travaux préparatoires du sommet, des pays arabes ont exprimé leur solidarité avec Khartoum.

"La pression exercée sur le Soudan est inacceptable", a déclaré à l’AFP le chef de la diplomatie bahreïnie, cheikh Khaled Ben Ahmad Al-Khalifa, ajoutant que les pays arabes "soutiennent le Soudan frère, confronté à une épreuve liée à une affaire de guerre civile qui n’est ni la première ni la dernière" au monde.

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait affirmé qu’il n’y avait "pas d’immunité pour Omar el-Béchir". "Dès qu’il voyagera dans l’espace aérien international, il pourra être arrêté", avait-il prévenu.

Mais si les participants paraissent unis sur le Soudan, ils restent divisés sur d’autres questions, notamment le dossier palestinien, qui semble avoir décidé le président égyptien Hosni Moubarak à bouder ce rassemblement.

Les chefs d’Etat du Maroc, de l’Algérie, d’Irak et d’Oman n’ont pas non plus fait le déplacement à Doha, où le président syrien Bachar al-Assad est en revanche arrivé samedi.

Divisions sur le dossier palestinien

L’offensive militaire israélienne à Gaza en décembre-janvier a conforté la division au sein des 22 membres de la Ligue arabe: un camp conduit par la Syrie et le Qatar qui, avec le soutien de l’Iran, défendait les islamistes du Hamas qui contrôlent Gaza, et l’autre, emmené par l’Arabie Saoudite et l’Egypte, plus proche du président palestinien Mahmoud Abbas, chef du mouvement du Fatah.

Les efforts du roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui avait contribué à organiser deux mini-sommets en janvier à Koweït et le 11 mars à Ryad, avaient redonné l’espoir d’une réconciliation interarabe, mais celle-ci semble s’éloigner avec le boycottage du sommet par M. Moubarak.

Des sources diplomatiques au Caire ont expliqué à l’AFP que M. Moubarak reprochait au Qatar ses "positions anti-égyptiennes" durant la guerre.

"Avec l’absence de M. Moubarak, le sommet rate l’occasion de confirmer le processus de réconciliation entre les pays arabes, pourtant tenus d’adopter une approche commune face à de nouvelles donnes régionale et internationale", a commenté l’analyste libanais Abdel Wahab Badrkhan.

Le sommet arabe doit notamment se prononcer sur l’avenir du plan de paix arabe proposant depuis 2002 à Israël une normalisation en échange notamment de son retrait des territoires arabes occupés en 1967.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Omar el-Béchir nargue la CPI

Une fatwa somme Omar el-Béchir de ne pas se rendre au sommet arabe

Contenus partenaires