Mayotte en bonne voie pour devenir un département français

Les habitants de Mayotte votent ce dimanche par référendum pour décider si leur île doit devenir un département d’outre-mer français. Le « oui » semble assuré de l’emporter, malgré l’opposition de religieux musulmans, craignant notamment une acculturation.

Publié le 29 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Les habitants de Mayotte votaient dimanche pour faire de leur petite île de l’Océan indien le 101e département français et le 5è DOM, dernière étape d’un long processus entamé en 1974, dont ils espèrent qu’il leur garantira la stabilité et une amélioration de leur niveau de vie.

L’issue du référendum ne fait guère de doute dans cette île où l’ensemble de la classe politique et les syndicats ont fait campagne pour le "oui", et où les seules voix discordantes sont venues de dignitaires religieux musulmans, qui dénoncent la disparition progressive de certaines de leurs prérogatives.

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Sous un ciel bleu et une chaleur accablante, les Mahorais se rendaient à la mi-journée dans les 130 bureaux de vote répartis dans l’île, les femmes drapées dans leur "salouva", grand tissu aux couleurs lumineuses, assorti au "kichali", voile porté sur la tête, et les hommes chapeautés du "kofia", couvre-chef traditionnel que l’on retrouve dans tout l’archipel des Comores.

"Aujourd’hui est un jour important. Nos aînés se sont battus pour rester dans la France. C’est à nous de finir le travail", explique Youssoufou Majouai, gardien de gymnase de 39 ans, devant le bureau de vote installé dans une école du quartier populaire de M’Gombani, dans le centre de Mamoudzou.

Statut de département d’outre-mer effectif en 2011

A 11H45 (10H45 à Paris), le taux de participation estimé par la préfecture sur la base de quelques bureaux test était de 24,6%, un chiffre plus important que lors des derniers scrutins organisés dans l’île en 2007 et 2008, où la participation à cette heure était de 17 à 21%.

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Le passage du statut de "collectivité départementale" en département d’outre-mer, qui devrait être effectif en 2011, est la dernière étape d’un processus entamé en 1974, lorsque Mayotte a choisi de rester française alors que les trois autres îles de l’archipel optaient pour l’indépendance.

Avec un PIB trois fois inférieur à la Réunion, mais neuf fois supérieur à ses voisins immédiats, Mayotte espère aussi tirer de nouveaux bénéfices de la départementalisation.

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Avoir les mêmes droits que les Français

"Il faut que les gens aient enfin ici les mêmes droits qu’en métropole", estiment en cœur Guillaume Leconte, 28 ans, métropolitain résident à Mayotte et sa compagne malgache Fanjia Ratsimandresy, 31 ans. "Nous avons un enfant et nous ne touchons pas d’aide, il faut que ça change", dit-elle. Mais le gouvernement n’a pas caché aux Mahorais que le rattrapage avec la métropole mettrait du temps à se faire sentir, avec certaines aides sociales qui ne démarreront qu’en 2012, et de manière progressive sur au moins 20 ans.

Parallèlement, certains impôts vont apparaître à partir de 2014.

La fin de certaines traditions

Et certaines pratiques culturelles anciennes vont être bousculées, avec la fin définitive de la polygamie, la disparition du tuteur matrimonial ("wali") et la réduction des attributions du "cadi" (juge musulman).

Face à l’écrasante domination du "oui", seuls quelques religieux dénoncent la départementalisation, craignant une "acculturation". Rachel (prénom d’emprunt), qui a voté "non", rejoint leurs préoccupations. "Ce statut va changer le style de vie des Mahorais et le RMI risque d’en faire une population d’assistés. On pourrait se retrouver dans quelques années dans une situation comme celle des Antilles", explique cette métropolitaine mariée depuis 2006 à un Mahorais.

Le scrutin s’achèvera à 18H00 (17H00 à Paris). Les autorités locales ont prévu une grande fête dans la soirée, avec feu d’artifice et groupes locaux, sur une scène dressée sur le bord de mer, dans le centre de Mamoudzou.

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