Les étals reprennent vie et les prix commencent à décliner

Le recours aux devises étrangères soulage les Zimbabwéens. Depuis que les autorités ont pris cette décision, les étals des marchés sont à nouveau approvisionnés, et les prix des denrées ont baissé. Reportage.  

Publié le 27 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Un homme fait ses courses en sifflotant dans un supermarché de Harare, où un autre client compare attentivement les prix des bouteilles d’huile de cuisine, une scène de la vie ordinaire qui avait pourtant totalement disparu au Zimbabwe avec l’effondrement de l’économie.

Pendant plus d’un an, un vide sidérant régnait dans les rayons des magasins de ce pays en plein marasme économique: même les produits de base, comme le sucre et la farine de maïs, étaient devenus des luxes rares.

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Mais depuis que le gouvernement a autorisé en janvier le recours aux devises étrangères, les supermarchés reconstituent leurs stocks.

Au même moment, la Banque centrale a arrêté d’imprimer les dollars zimbabwéens, privés de toute valeur dans un contexte d’hyperinflation record, chiffrée en milliards pour cent.

Moins 3,1% en février

Ces mesures commencent à porter leurs fruits: les prix en dollars américains ont décliné de 3,1% en février par rapport à janvier, a annoncé mardi l’Office national des statistiques.

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Concrètement, un paquet de dix kilogrammes de farine de maïs fréquemment utilisée pour préparer une bouillie épaisse appelé sadza – coûtait 12 USD (9 euros) en décembre, et n’en vaut plus que six aujourd’hui. De même, un paquet de deux kilos de sucre est passé de cinq à deux dollars et demi.

"Les choses reviennent à la normale", se réjouit Simbarashe Mawarire, gérant d’une succursale de la chaîne de supermarchés Savemor, qui avait dû fermer quatre rayons sur cinq l’an dernier.

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"Ce ne sont pas seulement les affaires qui ont repris, poursuit-il. Certains disaient que (le président Robert) Mugabe et (le Premier ministre Morgan) Tsvangirai ne pourraient jamais travailler ensemble, mais depuis le 11 février, les choses ont pris une nouvelle tournure. "

Levée des restrictions à l’importation

Le 11 février, c’est la date de la formation d’un gouvernement d’union nationale par ces rivaux historiques. Malgré des frictions, les deux hommes ont manifesté une volonté commune de redresser l’économie, qui s’est contractée d’au moins 45% ces cinq dernières années.

Leur coalition a ainsi levé des restrictions à l’importation et assoupli une politique de contrôle des prix aux conséquences désastreuses.

En juin 2007, les autorités avaient imposé aux commerçants de diviser leurs prix par deux et de les geler à ce niveau. Les contrevenants, accusés de participer à un complot occidental pour déstabiliser Robert Mugabe, avaient été arrêtés. Et de nombreux producteurs, incapables de couvrir leurs coûts, avaient stoppé ou ralenti leur activité.

Les mois suivants, les rares magasins autorisés à vendre en devises étrangères ont pratiqué des prix quatre fois supérieurs à la moyenne régionale. Mais maintenant que tous les commerces sont à même enseigne, la concurrence les force à la modération.

« Permettre aux gens d’acheter ces biens »

"Au départ, les détaillants nous arnaquaient, mais la dollarisation a corrigé les distorsions du marché", souligne Tendai Muzadzi, un analyste financier indépendant de Harare.

"Nous avançons dans la bonne direction en utilisant les monnaies étrangères, puisque cela permet aux prix de chuter. Auparavant la plupart des magasins avaient fermé une moitié de leur espace", rappelle-t-il.

Malgré l’amorce de désinflation, la plupart des Zimbabwéens, souvent privés de revenus dans un pays où le taux de chômage est de 94%, peinent toujours à survivre.

"La vente en devises étrangères a stabilisé nos prix, constate Kumbarirai Katsande, président de la Confédération des industries zimbabwéennes (CZI). Maintenant, il faut s’attaquer aux problèmes des revenus, pour permettre aux gens d’acheter ces biens. "

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