En Libye, un an après les inondations, Derna continue de compter ses morts

La ville libyenne de Derna, ravagée il y a un an par des inondations dévastatrices, se reconstruit, même si des « services essentiels » d’hygiène et d’eau potable manquent encore.

Travaux de construction d’un pont à Derna, le 9 septembre 2024, un an après que la tempête Daniel a provoqué la rupture de deux barrages. © Khaled Nasraoui / AFP

Travaux de construction d’un pont à Derna, le 9 septembre 2024, un an après que la tempête Daniel a provoqué la rupture de deux barrages. © Khaled Nasraoui / AFP

Publié le 11 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023, la tempête Daniel s’est abattue sur la côte est, provoquant des crues et la rupture de deux barrages en amont de Derna. La tragédie a fait environ 4 000 morts, des milliers de disparus et plus de 40 000 déplacés, selon l’ONU, même si le bilan final reste controversé.

Le gris du béton

Aujourd’hui, la ville meurtrie qui comptait 120 000 habitants avant la catastrophe est un chantier géant, avec le bruit assourdissant des bulldozers.

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Auparavant parsemée de nuances de blanc sur le fond bleu de la Méditerranée, Derna est aujourd’hui plutôt grise, la couleur du béton des immeubles en reconstruction. Des vues aériennes montrent des grues sur des chantiers et sur les berges de l’oued asséché qui traverse la ville, là où les flots en furie ont charrié vers la mer gravats et cadavres.

Depuis la chute et mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos, divisée en deux camps antagonistes avec à l’ouest, un gouvernement reconnu par l’ONU, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, face à un exécutif parallèle affilié au puissant Khalifa Haftar, qui domine l’est et le sud.

Belkacem Haftar, l’un de ses fils, qui chapeaute le riche Fonds de reconstruction de la Libye, a assuré récemment à des médias dont l’AFP que « tous les projets en cours à Derna » avaient un état d’avancement de 70 %. Il a mentionné 3 500 logements reconstruits et la restauration complète du réseau électrique, des routes et des écoles.

Grand nombre de déplacés

Tout en reconnaissant les efforts de reconstruction, cinq ONG dont l’International Rescue Committe (IRC) et le NRC (Norvegian Refugee Council) ont souligné que « beaucoup de déplacés vivent dans des conditions précaires » et que « de nombreuses familles ont des difficultés à satisfaire des besoins essentiels ».

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Elles ont cité des établissements de santé et des communautés confrontées à « une mauvaise qualité de l’eau potable », des problèmes d’assainissement et d’hygiène, un manque de personnel sanitaire qualifié, et « un grand nombre de familles déplacées encore dépourvues d’un abri adéquat ».

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L’impact des inondations se mesure aussi aux séquelles subies par les survivants. Ces ONG ont d’ailleurs préconisé de « renforcer le soutien psycho-social notamment aux enfants, face à l’apparition continue de nouveaux cas de traumatismes et d’anxiété ».

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Difficultés d’identification

La principale difficulté a été « l’enregistrement des décès », souligne à l’AFP Achraf Mansour, un bénévole du Croissant Rouge Libyen, en parcourant les tombes d’un cimetière, créé par l’Autorité de la Recherche et Identification des disparus, à 5 km au sud de Derna. « Au 5 septembre, nous avions 3 028 signalements » de décès de la part des familles, a précisé à l’AFP Kamal al-Siwi, directeur de cette instance à caractère national.

Selon lui, les autorités ont recensé « 3 734 corps retrouvés dans des habitations submergées par les eaux, dans la mer ou sur les berges de l’oued » et l’écart de « 700 » corps représente des cas non signalés par des proches. Dans les jours ayant suivi la tragédie, des bilans bien plus élevés ont été avancés par des ONG, des responsables et des médias.

Un an après la tragédie, dans le « Cimetière des victimes de Derna », des rangées de tombes attendent toujours de retrouver un nom, avec en guise de stèle : un parpaing et une plaque numérotée.

(Avec AFP)

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