Sonia Dahmani condamnée à huit mois de prison en Tunisie

Ses partisans dénoncent un « harcèlement judiciaire » et continuent de critiquer le décret présidentiel 54 sur la « diffusion de fausses nouvelles », invoqué pour condamner l’avocate.

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, le 10 mai 2024, à Tunis. © MOHAMED HAMMI/SIPA

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, le 10 mai 2024, à Tunis. © MOHAMED HAMMI/SIPA

Publié le 11 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

L’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani a été condamnée en appel à huit mois de prison ferme pour des propos jugés critiques à l’encontre du président Kaïs Saïed, ont annoncé ses avocats qui ont dénoncé « un harcèlement judiciaire ».

Connue pour son franc parler, leur cliente avait été arrêtée, en direct devant des télévisions, le 11 mai, par des policiers masqués qui avaient fait irruption au siège de l’Ordre des avocats à Tunis où elle s’était réfugiée.

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Sonia Dahmani, condamnée à un an en première instance, a vu sa peine réduite à 8 mois mais ses défenseurs « n’ont même pas pu plaider » pour sa remise en liberté, a déclaré à l’AFP l’avocat français Pierre-François Feltesse. L’audience avait été suspendue le 10 septembre et le nouveau jugement a été prononcé tard dans la soirée. Me Feltesse a annoncé une saisine prochaine du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire.

« Fouille à corps indigne et humiliante »

Dans un communiqué reçu par l’AFP, le comité de défense de Sonia Dahmani dont fait partie Me Feltesse a dénoncé « un véritable harcèlement judiciaire depuis des mois » contre l’avocate, estimant que « ses droits les plus fondamentaux sont quotidiennement bafoués ».

Ils ont mentionné « une fouille à corps indigne et humiliante lors d’une audience le 20 août » et l’obligation de porter un « long voile blanc imposé aux femmes poursuivies pour des affaires de moeurs, alors qu’aucun texte ne prévoit une exigence aussi dégradante ».

L’arrestation et la condamnation de Sonia Dahmani ont eu lieu en vertu du décret présidentiel 54 sur la « diffusion de fausses nouvelles », critiqué par les défenseurs des droits pour une interprétation trop large. Depuis son entrée en vigueur, plus de 60 journalistes, avocats et figures de l’opposition ont été poursuivis ou condamnés sur cette base, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens.

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Il était reproché à l’avocate d’avoir ironisé sur un plateau de télévision en mai sur la possibilité que les migrants subsahariens veuillent s’installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique. « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? » avait-elle lancé à un autre chroniqueur qui venait de l’affirmer.

En février 2023, Kaïs Saïed a fustigé l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens illégaux » et un « complot » pour « changer la composition démographique » de la Tunisie, un discours qui avait déclenché une violente campagne anti-migrants dans le pays.

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(Avec AFP)

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