« First Satellite Day » au Sénégal : la diversion par les étoiles ?
Alors qu’après le drame de Mbour, le pays est en deuil, que l’opposition gronde et que la presse déprime, le président Bassirou Diomaye Faye entend galvaniser la nation en célébrant le lancement du premier satellite sénégalais.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 12 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Tout bon coach en développement personnel enseigne qu’il faut savoir combiner les « pieds sur terre et la tête dans les étoiles ». C’est donc dans les constellations que le président Bassirou Diomaye Faye entend recueillir les bonnes vibrations du moment, célébrant avec faste l’entrée du Sénégal dans le cercle fermé de la quinzaine de nations africaines ayant lancé leur propre satellite.
Ce vendredi 13 septembre se tiendra le « First Satellite Day », à partir de 10 heures, à la Cité du savoir de Diamniadio. Le communiqué officiel du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation annonce la célébration d’un « événement historique » qui entend rassembler autour d’un « Sénégal de l’innovation et des inventions ». Une cérémonie suivra, au palais de la République, ainsi qu’une réception lors de laquelle seront décorés des ingénieurs.
Prouesse technologique
Dans les faits, c’est le vendredi 16 août, à 18 h 56 GMT, qu’a été lancé le premier satellite sénégalais, GAINDESAT-1A, par une fusée Falcon 9 depuis la base californienne de Vandenberg. Bassirou Diomaye Faye avait alors évoqué le « fruit de cinq années de travail acharné » des ingénieurs et techniciens sénégalais et une avancée marquant « un pas majeur vers la souveraineté technologique ». L’objet mis en orbite a été conçu et fabriqué en partenariat avec le Centre spatial universitaire français de Montpellier (CSUM).
Si certains soulignent qu’avoir la tête dans les étoiles est stérile si l’on n’a pas les pieds sur terre, c’est que le quotidien des Sénégalais est rythmé par des situations bien plus prosaïques que l’observation du ciel. À commencer par la détresse qui pousse de jeunes citoyens à tenter l’expatriation par la mer, dans des conditions déplorables. Le 8 septembre dernier, un bateau de fortune a fait naufrage au large de Mbour, avec une centaine de passagers à bord, plongeant le pays dans le deuil.
Pression politico-médiatique
En fonction depuis moins de six mois, le tandem que le président forme avec son premier ministre, Ousmane Sonko, se heurte également à la presse et aux opposants politiques. Les responsables de journaux dénoncent des mesures fiscales inadéquates, un gel de l’aide à la presse ou encore la rupture unilatérale de contrats publicitaires. Majoritaires à l’Assemblée nationale, les partis hostiles à la politique du régime actuel ont conduit le chef de l’État à envisager une dissolution du Parlement – laquelle pourrait intervenir à brève échéance.
Si les déambulations spatiales du satellite peuvent paraître éloignées du quotidien difficile des Sénégalais, les ingénieurs et les politiciens insistent tout de même sur le fait que la collecte de données satellitaires pourrait permettre de résoudre des problèmes terre à terre. Le GAINDESAT-1A devrait offrir à plusieurs agences étatiques des informations capitales pour la planification des ressources en eau, pour les performances des prévisions météorologiques et pour l’amélioration de la sécurité aérienne.
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