Trois travailleurs humanitaires dont un Français enlevés au Darfour
Trois travailleurs humanitaires occidentaux, un Français, un Canadien et un Italien, ont été enlevés au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile, Khartoum déclarant travailler à leur libération.
L’enlèvement des trois membres de la section belge de Médecins sans Frontières (MSF) survient alors que l’ONU s’est déclarée "inquiète" pour la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain, après le mandat d’arrêt délivré le 4 mars par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour.
"Je confirme l’enlèvement de trois travailleurs humanitaires non soudanais et de deux employés locaux", a déclaré à l’AFP un responsable de cette ONG sous couvert de l’anonymat.
MSF a peu de temps après annoncé à Bruxelles que ses deux collaborateurs soudanais avaient été libérés, se déclarant en revanche "profondément inquiète pour la sécurité " d’une infirmière canadienne, d’un médecin italien et d’un responsable de terrain français victimes du rapt.
Paris et Rome ont confirmé l’enlèvement de l’un de leurs ressortissants.
MSF a annoncé qu’elle allait retirer du Darfour la quasi-totalité de son personnel. "MSF est en train de retirer ses dernières équipes du Darfour", a déclaré à la presse le directeur général de MSF Belgique Christopher Stokes. "Toutes les équipes de toutes les sections de MSF" vont partir, et pas seulement le personnel relevant de la section belge de l’organisation humanitaire, a-t-il précisé.
"Des hommes armés sont entrés mercredi vers 20H00 (17H00 GMT)" dans les bureaux de MSF-Belgique à Saraf Umra, à quelque 200 km à l’ouest d’El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, a déclaré à l’AFP Kamal Saïki, porte-parole de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad).
"Il s’agit de la première fois, à ma connaissance, que des humanitaires internationaux sont enlevés au Darfour", a-t-il ajouté, précisant que la Minuad était disposée à "offrir son aide dans la mesure de ses capacités".
Un responsable soudanais a assuré que les trois travailleurs humanitaires étaient en vie, ajoutant que Khartoum travaillait à leur libération "le plus vite possible".
"Ils ont parlé avec leurs collègues au téléphone. Ils vont bien", a déclaré Hassabo Mohammed Abdel Rahmane, chef de la Commission soudanaise des affaires humanitaires.
Ce genre d’incident "peut arriver n’importe où" au Darfour, a toutefois averti le responsable soudanais, précisant que Khartoum "rejetait" ces actes de violence.
Les sections française et hollandaise de MSF avaient été expulsées du Darfour la semaine dernière par les autorités soudanaises, en réponse au mandat d’arrêt international délivré contre le président Béchir, mais pas celle de la Belgique.
Ces ONG figurent parmi 13 organisations expulsées après avoir été accusées par Khartoum d’avoir "collaboré" avec la CPI.
M. Béchir est accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, où la guerre civile a fait 300. 000 morts selon l’ONU depuis 2003, mais 10. 000 seulement selon Khartoum, et quelque 2,7 millions de déplacés.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a indiqué mercredi être "particulièrement inquiet pour la sécurité du personnel (humanitaire) local et international sur le terrain, à la suite d’incidents répétés d’intimidation et de harcèlement".
Des centaines de milliers de personnes, y compris en dehors du Darfour seront affectées par les départs des ONG du Soudan, selon les agences d’aide humanitaire de l’ONU.
Un total de 183 étrangers travaillant pour des organisations d’aide humanitaire avaient quitté le Soudan mardi.
"Plus d’une centaine d’autres collaborateurs étrangers d’ONG attendent des visas de sortie pour partir", selon l’ONU. Au total, 308 étrangers sont concernés par les mesures d’expulsion.
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