L’armée remplace son chef, les assises nationales reportées

Madagascar s’est encore enfoncé dans la crise avec le remplacement par ses pairs du chef d’état-major de l’armée nommé par le président et l’annulation d’assises nationales, initialement prévues aujourd’hui et destinées à sortir le pays des troubles.

Publié le 11 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le remplacement du chef d’état-major est intervenu au lendemain de la démission du ministre de la Défense et de violentes échauffourées à Antananarivo entre partisans du président Marc Ravalomanana et de l’opposant Andry Rajoelina, surnommé "TGV" pour son caractère fonceur.

Mercredi, un nouveau chef d’état-major de l’armée, André Andriarijaona, a pris ses fonctions sur fond de dissensions au sein des forces de sécurité, lors d’une brève cérémonie au siège de l’état-major.

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Ce nouveau chef d’état-major, désigné par ses pairs selon des militaires présents à la cérémonie, remplace le général Edmond Rasolofomahandry, qui ne s’est pas exprimé lors de la passation de pouvoir.

A Madagascar, le chef d’état-major de l’armée est normalement nommé par le président.

Ce "remplacement" révèle implicitement la défiance de l’armée par rapport au chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2002.

"La négociation avec le général (Rasolofomahandry) s’est passée dans une fraternité digne de l’armée; maintenant tous les corps (militaires) qui sont à Madagascar sont derrière moi, et notre cohésion n’est pas touchée; nous allons la tenir jusqu’à la fin de toutes nos forces pour l’unité de l’armée malgache", a simplement déclaré le nouveau chef d’état-major.

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Ce "remplacement" du général Rasolofomahandry intervient alors que ce dernier avait lancé mardi dans une allocution télévisée un ultimatum de 72 heures "aux décideurs politiques" pour trouver une issue à la crise politique, faute de quoi les forces armées feraient "fonctionner les affaires nationales".

Il n’était pas possible dans l’immédiat de déterminer si cet ultimatum est maintenu par le nouveau chef d’état-major.

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C’est dans ce climat de délicat flottement des institutions que devaient s’ouvrir jeudi des "assises nationales" censées dessiner une sortie de crise négociée, sous l’égide de la médiation des Nations unies et de l’influent Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM).

Mais M. Rajoelina, arguant d’un climat "pas serein", a fait savoir qu’il comptait boycotter cette rencontre, conduisant le FFKM a en sceller temporairement le sort dans la soirée.

"Malheureusement, face à la situation actuelle, les conditions d?une tenue paisible pour la réunion (. . . ) ne sont pas réunies", a déclaré à l’AFP le président du FFKM Mgr Odon Razanakolona, précisant que la réunion était "reportée à plus tard".

"C’est essentiellement à cause de l’absence de l’opposition (. . . ) l’armée fait (aussi) partie des éléments nouveaux à intégrer", a confirmé une source proche de la médiation onusienne.

La France avait appelé quelques heures plus tôt "toutes les parties à éviter toute provocation" et "à se retrouver, dans un esprit ouvert et de compromis" aux assises.

M. Rajoelina, qui vit caché depuis une tentative d’arrestation la semaine dernière, est placé sous la protection de l’ONU, après avoir passé plusieurs jours à la résidence de l’ambassadeur de France à Madagascar, île pauvre de l’océan Indien.

Mardi, M. Ravalomanana avait reconnu des "erreurs" dans la gestion de la crise et s’était dit "prêt à écouter", dans une allocution à la télévision nationale.

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