Foule aux obsèques du président Vieira mais aucun dirigeant étranger

Une foule nombreuse, mais sans aucun chef d’Etat étranger, a assisté aux funérailles nationales du général Joao Bernardo Vieira qui avait dirigé la Guinée-Bissau durant 23 années en prenant appui sur l’armée, avant d’être assassiné par des militaires.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Des milliers de Bissau-Guinéens ont accompagné le cercueil du président tué le 2 mars, depuis le siège de l’Assemblée nationale populaire qu’il avait été le premier à présider après l’indépendance (du Portugal) en 1974, jusqu’au cimetière municipal, ont constaté des journalistes de l’AFP.

L’équipe nationale de football entourait symboliquement l’ambulance emportant le chef de l’Etat, au pouvoir de 1980 à 1999 puis de 2005 à 2009.

la suite après cette publicité

Le matin du 2 mars, la Guinée-Bissau avait appris le double assassinat de son président – sauvagement battu et tué dans la nuit par des militaires à son domicile mal gardé – et du chef d’état-major des armées, le général Tagmé Na Waié, mort quelques heures avant lui dans un attentat à la bombe.

Une foule très importante s’est pressée aux portes du cimetière: le général Vieira y a été enterré à quelques dizaines de mètres du général Na Waié.

"Nous vous le demandons puisqu’il est mort: arrêtons de nous entretuer une fois pour toutes!", avait auparavant déclaré, dans l’hémicycle de l’Assemblée, l’un des nombreux enfants du président Vieira venus spécialement de l’étranger, sa fille Elisa.

Retenant des sanglots, le président par intérim Raimundo Pereira, constitutionnellement chargé d’organiser un scrutin dans les 60 jours, a affirmé: "La viabilisation de la prochaine élection présidentielle dans les délais est l’un de nos plus grands défis".

la suite après cette publicité

L’éloge funèbre, évoquant à travers Vieira 50 ans d’histoire du pays, a surtout insisté sur sa "gloire" de combattant dans la lutte anti-coloniale en Guinée-Bissau, "dont l’indépendance avait été proclamée par sa propre voix".

Il mettait également à son crédit "le passage du parti unique au multipartisme" (1991) ou la "libéralisation" de l’économie.

la suite après cette publicité

Nulle mention, en revanche, de la répression des coups d’Etat présumés, des exécutions et liquidations ayant rythmé son "règne" autoritaire et celui du parti unique puis hégémonique, le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), pendant plus de vingt ans, selon des organisations de défense des droits de l’homme.

"Le président a été la victime du système qu’il avait lui-même érigé, un système de clientélisme et d’instrumentalisation de la force militaire, qui s’est retourné contre lui", confiait la veille un intellectuel, anonymement.

Selon des journalistes locaux et des observateurs étrangers, les officiers de l’Etat major ayant formé un comité militaire après la mort du général Na Waié n’ont pas assisté aux obsèques.

Concernant l’enquête, une première thèse postulait que le président Vieira et le général Na Waié, nourrissant une profonde défiance réciproque, se seraient entretués par clans interposés.

Puis a été mise en avant la piste d’un attentat mené par des narcotrafiquants, pour se débarrasser de Tagmé Na Waié qui aurait fait obstacle au trafic de cocaïne dans l’armée.

D’autres encore suivent une "piste politique", en se demandant à qui profite le grand vide laissé par les deux hommes forts du pays.

La commission d’enquête (magistrats, policiers et militaires) récemment créée par le Premier ministre n’avait pas encore commencé à travailler mardi.

Le Premier ministre Carlos Gomes Junior, nommé en décembre par le président Vieira en dépit de leur profonde inimitié, ne s’est pas exprimé aux obsèques. lbx/cpy/de

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires