Sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité : l’arlésienne onusienne ?

Alors que le secrétaire général des Nations unies se déclarait « optimiste », en août, pour la création d’un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité, les États-Unis viennent de soutenir l’idée de deux sièges. Un débat aux allures de serpent de mer, voire de trompe-l’œil.

© Damien Glez

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Publié le 13 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

L’adhésion à l’idée d’une représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) n’a d’égale que la non-concrétisation de cette revendication du continent. Non seulement des pays comme le Japon, l’Allemagne ou l’Inde militent, depuis longtemps, pour une réorganisation des instances nées sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, mais 100% des membres permanents de l’organe exécutif des Nations unies ont déjà exprimé un avis favorable à son élargissement à l’Afrique. La Fédération de Russie le propose. La Chine, le Royaume-Uni et la France ne s’y opposent pas. Quant aux États-Unis, ils ne soutiennent pas seulement la création d’un siège permanent pour les États africains, mais deux.

Après une déclaration, ce 12 septembre lors d’une conférence organisée par le centre de réflexion Council on Foreign relations, l’ambassadrice américaine à l’ONU devrait prochainement annoncer formellement, devant le bureau des Affaires étrangères à New York, le soutien des États-Unis à la création de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité.

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Promesse ancienne

Il y a juste deux ans, en dépit de critiques ambiantes sur l’instabilité politique africaine et sur la faible contribution du continent au budget de l’ONU, le président Joe Biden avait lui-même donné une nouvelle impulsion aux discussions sur la réforme du Conseil, soutenant précisément, à la tribune de l’Assemblée générale, la revendication de sièges permanents pour l’Afrique et l’Amérique latine.

La récente déclaration de l’ambassadrice Linda Thomas Greenfield évoque également un siège non permanent pour les petits États insulaires en développement. Pour l’heure, des pays africains sont régulièrement élus, pour deux ans, à certains des dix sièges non permanents de l’instance. Le Gabon et le Ghana en occupent depuis 2023 et le Mozambique depuis 2024.

Quel siège pour quel représentant africain ?

Si le sens de l’Histoire devait s’imposer enfin dans les instances onusiennes, quels seraient les critères de représentativité du continent africain ? Le Conseil de sécurité devra-t-il accueillir des pays choisis parmi les mastodontes démographiques et économiques comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud ? Un siège devrait-il être accordé à une instance continentale comme l’Union africaine ? Au regard de la remise en cause actuelle de certains regroupements transnationaux, il faudrait redouter une certaine cacophonie entre plusieurs voix africaines.

Pour peu que l’arlésienne diplomatique se concrétise, – elle requiert la ratification par deux tiers des 193 États membres -, ne se révèlerait-elle pas une annonce déceptive, si l’on considère le « codicille » discret de la déclaration de l’ambassadrice américaine Linda Thomas Greenfield ? Les auditeurs les plus perspicaces notent que les États-Unis ne souhaitent pas élargir le droit de véto aux éventuels nouveaux membres. Ni abolir l’ankylosant droit de véto de ceux qui l’ont.

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