Le FMI cherche des moyens d’éviter un cataclysme en Afrique
Relativement épargnée au début de la crise financière mondiale, l’Afrique se retrouve en première ligne, amenant le FMI à convoquer mardi et mercredi à Dar es-Salaam dirigeants et décideurs du continent pour trouver une parade à un nouveau cataclysme.
Protégée dans un premier temps par sa faible implication dans le système financier mondial, l’Afrique voit les menaces à court terme s’accumuler sur son économie, avec de potentielles conséquences humaines et sociales désastreuses pour les populations du continent le plus démuni de la planète.
"Après avoir frappé les pays industrialisés et ensuite les marchés émergents, une troisième vague de la crise financière mondiale frappe maintenant les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, et elle frappe durement", relevait la semaine dernière le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, en présentant une étude à Washington.
Avant la crise, les pays africains enregistraient des taux de croissance parmi les plus élevés au monde. Dans ses prévisions pour 2009, le FMI a d’ores et déjà révisé à la baisse ses prévisions pour le continent.
La baisse du commerce mondial touche en effet directement des économies largement dépendantes de leurs exportations de matières premières, relevait M. Strauss-Kahn, en prédisant également une chute de 20% des investissements directs étrangers sur le continent.
Pour amortir le choc, le patron du FMI estime que l’Afrique a besoin de financements supplémentaires de l’ordre de 11 milliards de dollars dans les cinq ans.
Selon la Banque mondiale (BM), les besoins de l’ensemble des pays en développement sont cependant bien supérieurs. Dans un document publié dimanche, la Banque estime que le déficit de financements de ces pays sera compris entre 270 et 700 milliards de dollars pour la seule année 2009.
"Seulement un quart des pays en développement ont la capacité de financer des mesures" visant à limiter l’impact de la crise, s’alarme la BM.
M. Strauss-Kahn espère que la conférence de Dar es-Salaam sera l’occasion pour lui de se faire une idée plus claire de la meilleure manière de défendre les intérêts des pays en développement au sommet du G-20 en avril à Londres.
Il risque d’être confronté à des analyses radicalement différentes de la situation. Ainsi, la ministre ougandaise des Finances, Syda Bumba, penche pour une injection immédiate de capitaux.
Les institutions financières internationales "doivent augmenter l’aide à court terme", a-t-elle expliqué à l’AFP avant la conférence.
Lawrence Bategeka, du Centre ougandais de recherche sur la politique économique, plaide lui au contraire pour des programmes à moyen terme "ciblés sur les infrastructures, la création d’emploi".
Mais quelles que soient les analyses, la tonalité des interventions risquent d’être alarmiste.
Dès février, les dirigeants du continent avaient fait part de leurs vives inquiétudes lors du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba.
Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, avait alors insisté sur la gravité d’une crise "orientant davantage l’agenda de la communauté internationale vers le sauvetage et le renflouement des institutions bancaires et financières que sur le financement du développement".
"Au même moment, les économies et les populations africaines s’apprêtent à subir de plein fouet les conséquences de ces crises dont elles ne sont nullement responsables", avait-il souligné.
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