Procès de la « tentative de coup d’État » en RDC : 37 condamnés à mort

Le tribunal militaire de Kinshasa a rendu son verdict ce 13 septembre au procès de la « tentative de coup d’État » que l’armée de la RDC a déclaré avoir déjouée le 19 mai. Le ministère public avait requis la peine de mort contre 50 des 51 prévenus, qui ont tous plaidé « non coupable ». Quatorze d’entre eux ont été acquittés.

Attente du verdict à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, le 13 septembre 2024. © Hardy BOPE / AFP

Attente du verdict à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, le 13 septembre 2024. © Hardy BOPE / AFP

Publié le 14 septembre 2024 Lecture : 3 minutes.

« Le tribunal prononce la peine la plus forte : la peine de mort », a répété à la lecture du verdict pour chacun des condamnés le major Freddy Ehume, président du tribunal siégeant dans la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa. Le procès de la « tentative de coup d’État » que l’armée de la RDC a dit avoir déjouée le 19 mai s’est tenu depuis le 7 juin dans l’enceinte de l’établissement où les accusés sont incarcérés. Le verdict a été rendu ce vendredi 13 septembre. Trente-sept prévenus, dont trois Américains, ont été condamnés à la peine de mort ; 14 ont été acquittés.

Les condamnés à la peine capitale ont été reconnus coupables d’association de malfaiteurs et d’attentat, mais aussi de terrorisme sauf pour l’un d’entre eux. Six sont de nationalités étrangères : trois Américains nés aux États-Unis, ainsi qu’un Belge, un Britannique et un Canadien, tous les trois des Congolais naturalisés. La salle, debout, est restée prostrée dans le silence à l’annonce successive des peines capitales. Les prévenus, en tenue bleue et jaune, assis depuis des heures sur des chaises en plastique et parqués derrière des barricades, ont gardé un visage grave.

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Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré vendredi lors d’un briefing que l’ambassade des États-Unis en RDC, qui a assisté au procès, « continuera à suivre la situation » et un éventuel appel. Des avocats de la défense ont indiqué leur intention de déposer un recours dans le délai légal de cinq jours, dénonçant « une décision honteuse teintée de mauvaise foi ». Certains défenseurs des droits avaient souligné « l’opacité » autour des interrogatoires menés pendant l’enquête.

Sur 51 prévenus au total, 14 ont été acquittés : l’instruction a démontré qu’ils n’avaient « aucun lien » avec l’affaire, a déclaré le tribunal. Cette annonce a été suivie d’une clameur dans l’assistance, composée notamment de proches qui ont écouté, sous la grande tente placée dans une des cours de la prison faisant office de tribunal, la lecture de la décision qui a duré plus de quatre heures. Le ministère public avait requis la peine de mort pour 50 prévenus, le dernier ayant été déclaré atteint de « troubles psychologiques ».

Wondo, le « concepteur du coup »

Le procès n’a finalement apporté que peu de lumière sur les motivations des membres de l’opération – manifestement mal préparée pour renverser un régime – et ses éventuels commanditaires. Le 19 mai en fin de nuit à Kinshasa, dans le quartier huppé de la Gombe, plusieurs dizaines d’hommes armés avaient attaqué le domicile du ministre Vital Kamerhe, devenu depuis président de l’Assemblée nationale. Deux policiers commis à sa garde avaient été tués.

Les assaillants avaient ensuite investi le palais de la Nation non loin, bâtiment historique vide la nuit abritant des bureaux du président Félix Tshisekedi. Les membres du commando s’y étaient filmés brandissant le drapeau du Zaïre, ancien nom de la RDC du temps de Mobutu, dictateur renversé en 1997, et déclarant la fin du régime de l’actuel chef de l’État. Le drapeau en question et plusieurs dizaines de fusils d’assaut ont été présentés pendant le procès comme pièces à conviction.

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Le périple du commando avait pris fin avec l’intervention des forces de sécurité qui, selon l’armée, avaient interpellé une quarantaine d’assaillants et en avaient tué quatre autres, dont leur chef, Christian Malanga, un Congolais de 41 ans installé aux États-Unis. Le porte-parole de l’armée avait rapidement parlé de « tentative de coup d’État étouffée dans l’œuf« , le gouvernement évoquant une « tentative de déstabilisation des institutions ». Les partisans de Vital Kamerhe ont eux évoqué une tentative d’assassinat.

Pendant le procès, les accusés, qui ont tous plaidé non coupable, ont rejeté la responsabilité sur leur chef mort pendant l’opération. Son fils, Marcel Malanga, 22 ans, né aux États-Unis d’une mère américaine, a été condamné à mort. Il avait expliqué avoir été embarqué de force par son père, mais selon le tribunal, il a en fait convaincu les deux autres condamnés américains d’« adhérer à la bande». Le Belge Jean-Jacques Wondo, expert militaire travaillant avec les renseignements congolais, a été considéré comme « le concepteur […] du coup d’État manqué ». Condamné à mort.

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(avec AFP)

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