Alliance des États du Sahel : Assimi Goïta s’offre une allocution en « sahelvision »
À l’occasion du premier anniversaire de l’Alliance des États du Sahel (AES), le président de la confédération s’est exprimé solennellement sur les chaînes publiques du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Le 15 septembre, les chaînes publiques de deux des pays chantres du néosouverainisme sahélien diffusaient, à l’heure habituelle des allocutions de leurs chefs d’État, le discours d’un président étranger. Ainsi, le treillis du colonel Assimi Goïta a-t-il eu les honneurs des grands-messes du 20 heures de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et de la Radiodiffusion télévision du Niger (RTN).
Pour être précis, le leader du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) apparaissait sur les ondes des pays voisins en tant que président en exercice de la Fédération de l’Alliance des États du Sahel (AES). La prise de parole avait pour objectif de commémorer l’an I de l’AES, douze mois après la ratification, au Niger, de la charte du Liptako-Gourma consacrant l’Alliance. Une date dont Assimi Goïta affirme qu’elle a « changé le cours » de l’histoire commune des trois nations.
Méthode Coué ?
Annoncée depuis des heures via les réseaux sociaux, l’intervention se devait de commencer par un bilan, prioritairement sur le terrain sécuritaire mis en avant au moment des différents putschs. Assimi Goïta a donc vanté les « éclatantes victoires sur le terrain » des forces de défense et de sécurité et décrit des groupes armés terroristes « considérablement affaiblis », bien que « soutenus par des États tiers » dont il n’a cité précisément que l’Ukraine.
L’intérêt de l’allocution commune aux trois chaînes de télévision était également de galvaniser les auditoires, l’AES étant présentée davantage comme une union des peuples que comme une union des pays. Et le chef de l’État malien de dérouler une prose qui présente les décisions comme « résolues », les engagements « irréversibles », les étapes « historiques » et les relations « fraternelles ». Après un an, l’objectif serait d’affirmer et de susciter une « détermination à aller plus loin ».
Après le départ tonitruant des trois pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), il fallait donner corps à une confédération qui ne se limiterait pas aux questions sécuritaires et qui pourrait justifier l’absence d’élections, alors que les terroristes seraient, selon le discours officiel, en net recul. Assimi Goïta a ainsi justifié le prolongement de son mandat par l’élargissement de l’action passée à « deux piliers essentiels : la diplomatie et le développement ». Il a également évoqué des « potentialités inexploitées », des projets « culturels, sportifs et éducatifs » et la « connectivité » à améliorer dans les transports et le numérique.
Des annonces ont par ailleurs été présentées, même si elles ne sont pas inédites. Pour illustrer les « projets concrets » qu’il appelle de ses vœux, le président en exercice de l’AES a évoqué l’introduction d’un passeport biométrique, déjà annoncé ici ou là. Il a également reparlé de la création d’une banque d’investissement, d’un fonds de stabilisation pour soutenir les projets d’intégration économique et d’une chaîne d’information commune pour renforcer une cohésion régionale qui serait assaillie, selon ses partisans, par les « médias menteurs ».
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